Prophète Esaïe Kokou DEKPO

Prophète Esaïe Kokou DEKPO

Se déclarant Prophète de la Nation et messager de Dieu, Esaïe Kokou DEKPO a été arbitrairement arrêté le lundi 14 septembre 2020, suite à sa convocation au Service central de renseignements et d’investigation criminelle (SCRIC) de la Gendarmerie nationale, pour ses propos lors d’une Conférence de presse tenue le 30 août 2020, dans le cadre de la contestation des résultats proclamés de l’élection présidentielle du 22 février 2020. Au cours de celle-ci, il a notamment déclaré que : « nul ne peut empêcher la montée sur le trône de Gabriel Messan Agbéyomé KODJO cette année 2020 » et qu’ayant interrogé son « Dieu EL Z de ce qu’il en est réellement de la sincérité des résultats officiels proclamés, la réponse a été claire et limpide,

C’est mon fils Gabriel que j’ai choisi pour conduire la destinée du Peuple togolais vers la terre promise. Tous ceux qui sont conscients qu’il est le véritable gagnant et qui jouent leurs propres cartes pour le maintien du régime seront foudroyés par la colère de Dieu. »

Gardé à vue au SCRIC pendant 18 jours, donc en violation flagrante des dispositions relatives à la détention préventive, il est déféré à la Justice togolaise et, au terme de trois comparutions devant le Doyen des juges d’instruction, ce dernier le place sous mandat de dépôt à la Prison civile de Lomé le 2 octobre 2020. Sont retenus contre lui, les 6 chefs d’accusation suivants : « troubles à l’ordre public, diffusion de fausses informations, menace de mort, apologie des crimes et délits, insurrection, non-respect des institutions », accusations fantaisistes pour ce qui relève en fait d’un délit d’opinion relatif à ses propos du 30 août 2020.

Après 5 jours passés à la Prison civile de Lomé, il est transféré, le 6 octobre 2020, à la Prison civile de Tsévié où il est détenu pendant 25 jours, au motif d’un isolement visant à le protéger, comme d’autres prisonniers, de la pandémie du Coronavirus (COVID 19).

Puis, il est à nouveau transféré à la Prison civile de Lomé le 31 octobre subséquent.

Le 30 décembre 2020, soit deux mois plus tard, il est jugé en première instance avec l’apôtre Gabriel DOUFLE qui, fondateur de l’organisation religieuse « Montagne de Sainteté » dont il s’est autoproclamé « maître » et « père des Nations », a été auparavant arrêté le 11 mars 2020. Sous les chefs d’inculpation de : « séquestration, sédition, trouble à l’ordre public, harcèlements sexuels, viols sur fidèles et diffamation », ce dernier avait été placé sous mandat de dépôt à la Prison civile de Lomé pour avoir annoncé qu’il avait été investi par Dieu pour être président du Togo à partir du mois de mars 2020, « suite à la mort subite de l’actuel chef d’Etat ».

Tant le prophète Esaïe Kokou DEKPO que l’apôtre Gabriel DOUFLE sont finalement condamnés, le 6 janvier 2021, à 36 mois d’emprisonnement (3 ans) dont 32 mois avec sursis, soit en réalité 4 mois de prison ferme.

Après appel a minima interjeté par le Procureur de la République dès le lendemain soir, 7 janvier 2021, jour-même où il devait être libéré, le prophète Esaïe voit la Cour d’Appel de cette « Justice » togolaise aggraver sa condamnation en première instance en la portant à deux ans d’emprisonnement dont 1 an ferme et un an avec sursis, le 14 janvier 2021, pour ce simple délit d’opinion. Faut-il s’étonner si au sein même de cette « Justice », certains de ses membres montent depuis quelques temps au créneau pour dénoncer, avec une rare virulence, l’instrumentalisation et la corruption qui gangrène leur corporation ? Ces récurrentes plaies qui n’ont jamais cessé d’être dénoncées depuis fort longtemps, notamment par l’avocat Gahoun HEGBOR qui, plus d’une quinzaine d’années auparavant, fustigeait la « Justice » togolaise comme étant à « plat ventre devant un pouvoir politique auquel elle est totalement inféodée ».

Quant au Prophète Esaïe Kokou DEKPO qui continue à purger alors sa peine, sa mère, LAWSON-BOEVI Latré Kayi Rosa dite Apédomessi, inconsolable du triste sort fait à son fils et refusant de s’alimenter depuis quelques temps, vient à décéder de chagrin le 8 avril 2021. Pour son enterrement un mois plus tard, le 8 mai 2021, son fils, qui a pourtant déjà bouclé à l’époque les 8 mois de détention, soit plus de la moitié de sa peine, voit une pure méchanceté diabolique lui refuser d’assister à ses obsèques contrairement à l’usage courant, bien que son avocat, Me François ALOGNON, ait introduit auprès du Procureur de la République une demande en bonne et due forme à cet effet dès le 19 avril 2020.

Cinq mois après, le prisonnier politique et Prophète Esaïe Kokou DEKPO aurait normalement dû recouvrer son élargissement de la Prison civile de Lomé où il est toujours détenu, ce vendredi 17 septembre 2021, jour où arrive à terme échu la peine de 1 an de prison ferme à laquelle il a été arbitrairement condamné et qu’il a donc intégralement accomplie.

Mais, les contorsions de la « Justice » togolaise le gratifient encore de quelques jours de rabiot de plus puisque, ce lundi 20 septembre 2021, il est encore et toujours pensionnaire de la Prison civile de Lomé. Devra-t-il y séjourner encore plusieurs jours, plusieurs semaines, plusieurs mois, voire plusieurs années de plus comme tous ces infortunés qui, dans l’histoire, n’ont cessé d’être « oubliés » par les autocraties dans leurs geôles infectes comme celle du quartier administratif de Lomé, surpeuplée et malsaine à souhait, et que de puissants bouleversements sociaux ont toujours fini par libérer ?

A quand interviendra finalement sa libération définitive ? Telle est la question qu’il est légitime de se poser…

Mais, n’est-il pas temps que le Prophète Esaïe Kokou DEKPO, simplement accusé et détenu pour délit d’opinion, soit enfin libéré immédiatement et sans condition, d’autant plus qu’il a purgé l’intégralité de sa peine de 1 an de prison pour des chefs d’accusation aussi imaginaires que rocambolesques ?

ADADÉ Henri

ADADÉ Henri

Militant de l’UDS-Togo dont il est chargé de la sécurité, il a été arrêté à Gbossimé le 10 décembre 2018, à l’occasion d’une manifestation de la C14 protestant contre la tenue des élections législatives qu’elle avait appelées à boycotter. Arbitrairement condamné le 31 décembre 2018 à 4 ans d’emprisonnement (jusqu’au 9 décembre 2022) pour « troubles aggravés à l’ordre public », il est injustement détenu alors qu’il aurait dû être libéré en application de la feuille de route de la CEDEAO qui prescrivait la libération de tous les manifestants arrêtés dans ce contexte.

ANOUMOU Disriama Charles

ANOUMOU Disriama Charles

Citoyen sans affiliation politique, arrêté à Agoè le 29 novembre 2018 pour avoir participé à une manifestation de l’opposition protestant contre la tenue des élections législatives que la C14 avait appelées à boycotter. Arbitrairement condamné le 13 décembre 2018 à 5 ans d’emprisonnement (jusqu’au 28 novembre 2023) pour « troubles aggravés à l’ordre public », il est injustement détenu alors qu’il aurait dû être libéré en application de la feuille de route de la CEDEAO qui prescrivait la libération de tous les manifestants arrêtés dans ce contexte.

Yao Laurent KPOGO

Yao Laurent KPOGO

Menuisier, militant de l’ANC, arrêté le 7 juin 2013, conduit à la Direction générale de la Police nationale (Sûreté) ensuite au SRI, puis déféré à la Prison civile de Lomé le lendemain 8 juin 2013 pour homicide volontaire d’un agent des forces de l’ordre, ce qu’il nie catégoriquement car la personne qu’il aurait supposément agressé et qu’il n’a jamais vu est toujours vivante. Jugé par la Cour d’assise le vendredi 16 juillet 2021, il a été arbitrairement condamné à une peine de 10 ans de prison ferme.

BATCHA Laminou

BATCHA Laminou

Détenu à la Prison civile de Lomé.
Né vers 1987, mécanicien, il a été arbitrairement arrêté dans l’Affaire « Tigre Révolution » et est détenu à la Prison civile de Lomé.

BABA-SANI Fofana

BABA-SANI Fofana

Arbitrairement arrêté dans l’Affaire « Tigre Révolution », il est détenu dans les locaux de l’ancienne direction générale de la Gendarmerie nationale togolaise, en face de la BIDC et de la BOAD.