TCHAGNAO ABOUBAKAR

TCHAGNAO ABOUBAKAR

Né en 1996, TCHAGNAOU Aboubakar a été arbitrairement arrêté dans l’Affaire « Tigre Révolution », le 4 novembre 2019.

Qu’est-ce que l’Affaire « Tigre Révolution » ?

Comme l’explique notre « Comité pour la libération de tous les prisonniers politique du Togo » dans le « Mémorandum pour l’arrêt de la préoccupante vague répressive en cours d’accélération au Togo » qu’il a rendu public le 16 février 2021 :

« (…) l’affaire dite « Tiger Revolution » (est) une affaire rocambolesque au centre de laquelle se trouve un individu trouble dit « Master Tiger », naviguant entre le Togo, le Ghana et plusieurs pays d’Europe dont la Hollande, l’Angleterre, et la Belgique, libre à ce jour de ses mouvements et soupçonné de liens controversés avec la Police. C’est ce dernier qui aurait monté une machination aux fins de piéger et faire arrêter de naïfs ou innocents citoyens, jeunes chômeurs, chefs d’ateliers, étudiants, artistes, pères de familles et femmes mariées, aux fins d’une mauvaise propagande politicienne. Les preuves des accusations sont principalement des messages d’appel à la violence sur des plateformes whatsapp ou des dizaines de citoyens échangent régulièrement et déversent leur colère sans ménagement contre le régime.

Détenus au Camp des gardiens de préfecture (Camp GP) à Agoè-Logopé, et dans les lieux de détentions secrets de l’ancienne Agence nationale de renseignement (ANR), les mauvais traitements auraient conduit au décès de cinq d’entre eux.

Suite à l’enquête qu’il a diligentée sur leur situation, le journal Le Rendez-vous devait révéler dans son N° 353 du 06 novembre 2020 les informations suivantes à leur propos :

« Cette affaire a fait arrêter des jeunes chômeurs, des chefs d’ateliers, des étudiants, des pères de familles et femmes mariées. Si soixante-cinq d’entre eux, après leur arrestation ont eu la chance d’être détenus légalement à la prison civile de Lomé, plus d’une cinquantaine a été détenue, ou dans les lieux de détention secrets du tristement célèbre ANR, même si on fait croire que ce service n’existe plus, ou au Camp GP. Dans la semaine du 10 octobre 2020, ces détenus, en clandestinité dans des centres de torture de triste renommée, sont déversés à la Prison civile de Lomé. Mais, peu avant qu’ils ne soient ainsi déplacés, en plus de ceux qui n’ont pas pu résister aux violences ayant émaillé leurs arrestations et autres traitements qui leur sont réservés dès les premiers moments, les détenus ont commencé par mourir de leurs conditions de détention clandestine au camp GP. En quelques jours, 4 se sont succédé. C’est aussi l’une des raisons qui ont pu pousser les bourreaux à les déplacer vers le lieu de détention conventionnelle qui est la Prison civile de Lomé (PCL). Arrivé à la PCL, mesures barrières obligent, ils sont d’abord mis en isolement pendant qu’une bonne partie présentant un état clinique inquiétant s’est vu évacuer au cabanon (lieu de soins des prisonniers au CHU Sylvanus OLYMPIO). Alors que leur isolement finit en fin de mois passé, les geôliers, pour ne pas dire les bourreaux de la République, disent que certains d’entre eux sont testés positifs au virus. Ainsi, ils sont présentement évacués sur la prison de Tsévié où on prend soin des détenus “covidés”. Mais, les sources introduites renseignent que cette histoire de COVID est un faux fuyant. Il n’en est rien, la réalité est qu’ils ont besoin d’isoler ceux qu’ils estiment ayant la tête dure ou difficile à faire taire pour que les informations ne fuitent pas par rapport à leurs conditions de détention. Décidément, en politique sous les dictatures, le COVID19 est un argument de taille pour taire les indésirables voire les faire disparaître. Les malades sont toujours au cabanon. Ils y meurent un à un comme atteints d’une peste qui tue de la même manière. Des menaces sont proférées sur les parents qui se montrent trop attentionnés au chevet de leurs malades, on estime qu’ils sont trop présents. Les malades au cabanon souffrent tous d’un mal identique qui les gonfle et les rend méconnaissables par les familles. Nos investigations ont permis d’identifier déjà 8 morts dont 4 au camp GP et 3 au pavillon militaire et un parmi ceux qu’on a laissés à la PCL parce qu’ils seraient bien portant. (…)

Le circuit n’est pas seulement militarisé mais il est verrouillé et il faut être un génie en investigations pour obtenir des informations sur la liste des morts qui reste pour le moment incomplète bien qu’ils aient été au nombre de 8 en un mois si on s’en tient aux témoignages des parents et des codétenus.

Nous avons croisé des membres des familles témoins désespérés devant l’état de santé de leurs parents qu’ils ont enfin retrouvés malheureusement dans un état difficile après des mois de disparition. C’est le cas de ce monsieur du nom de AKOHSI Sakibou encore connu sous le nom de Idrissou. Sa sœur génétique ne l’a pas reconnu, il était enflé de partout. » Fin de citation.

Comme tous ses compagnons d’infortune, TCHAGNAOU Aboubakar, après avoir subi tortures et autres traitements cruels, inhumains et dégradants dans cette affaire « Tigre révolution », a été transféré à l’ancienne direction générale de la Gendarmerie nationale togolaise, en face de la BIDC et de la BOAD, où ils sont enfermés, à 72 détenus, dans une mini villa où ils vivent continuellement dans le noir, sans voir le soleil au quotidien et sans être autorisés à sortir dans la cour de la maison sauf en cas de maladie où ils sont conduits à l’infirmerie ou à l’Hôpital. C’est sous ce régime, qui est une autre forme de torture, qu’ils vivent depuis lors.

Parce qu’il a subi des traitements cruels, inhumains et dégradants tout au long de son arrestation et de sa détention comme les 76 autres prisonniers politiques de l’Affaire « Tigre Révolution », TCHAGNAOU Aboubakar doit être libéré immédiatement et sans condition comme le prescrivent le Code pénal togolais et les instruments internationaux ratifiés par l’Etat togolais.