ALASSANI Moutala

ALASSANI Moutala

Né en 1986, père de 3 enfants, vulcanisateur de profession, ALASSANI Moutala a été arbitrairement arrêté dans l’Affaire « Tigre Révolution » le 29 novembre 2019, dans son atelier au quartier Djidjolé, à Lomé.

Une arrestation suite à laquelle il a vécu un calvaire comme celui vécu par son autre codétenu dont le journal LE RENDEZ-VOUS relate l’odyssée dans son N° 353 du 06 novembre 2020 dans les termes suivants :

« quand ils m’ont pris, ils m’ont amené au camps GP comme beaucoup d’autres, ils nous prennent à différents endroits mais on connaît les mêmes traitements. Ils m’amènent dans la salle d’audition menotté et jeté par terre. Un commandant vient et me fait approcher de la table autour de laquelle il y avait 4 autres chaises et ils m’interrogent. Ils m’interrogent sur l’affaire Tiger. J’ai dit je n’en sais rien. Ils ont insisté. Actuellement mon portable …, ils ont tout fouillé sans rien voir…, je ne peux pas tout dire. (…) Alors ils ont commencé à me rouer de coups toujours menotté. Je leur demande de fouiller mon téléphone, j’étais interrogé entre deux scènes de torture. Ils m’ont amené en cellule et de temps en temps ils me ramènent dans cette sale pour frapper et torturer afin que je dise quelque chose qui me culpabilise. Ils n’ont rien obtenu. Pour dormir, ils me gardent toujours avec les mains menottées par derrière jusqu’au petit matin. Ils faisaient tout pour que j’invente quelque chose qui me compromette avant qu’ils arrêtent de me torturer. A un moment donné, ils m’ont proposé un deal, je devrais dire que……. Avant moi, ils ont proposé ces deals à beaucoup d’autres amis d’infortune. Nous tous on est arrêté dans différentes circonstances, à différentes dates, souvent on ne se connait pas. Mais on se rejoint sur une chose, tout le monde a refusé ce qu’on lui propose de dire pour soi-disant avoir sa liberté ou obtenir tel ou tel avantage. Ce refus unanime de ce qu’ils appellent eux-mêmes « collaboration », nous a coûté cher, certains en sont morts. Je résiste à leur proposition, pour me pousser à accepter dans les moments du deal, ils menottent ma main contre mon pieds avant que je dorme la nuit. (…) »

Et le même journal de mettre en cause le tiraillement des différents services en charge de la sécurité et de la défense nationale dans l’entretien de la machination ayant servi aux arrestations arbitraires dans cette affaire « Tigre-Révolution » comme suit :

« Nous avions répété dans les précédents écrits que deux pôles d’enquêtes sont en cours sur le même sujet. Un pôle qui veut faire la lumière afin de faire savoir à monsieur Faure Gnassingbé ce qui s’est réellement passé dans l’affaire Tiger. Il est géré par le ministre de la Sécurité. L’autre pôle qui veut changer de cahier de charge à l’enquête afin d’étouffer définitivement la vérité ou du moins attribuer au dossier les conclusions qui permettront de cacher au plus ‘’faure’’ des Togolais les intentions inavouées du ‘’Tigergate’’. Cette affaire ressemble assez trop au ‘’Kpatchagate’’ où le motif qui a poussé un commando à tirer chez le député n’était pas forcement le motif que murissaient certains officiers une fois la première cible atteint. Du coup, le ‘’Tigergate’’ est devenu un remue-ménage entre gendarmes, policiers et militaires, les arrestations des présumés membres de la nébuleuse répondaient à deux commandements. Les détenus, les uns sont gardés à la PCL prison civile de Lomé, les infortunés au camp GP, camps des gardiens de préfecture à Agoè-Logopé. Même dossier devant la même justice, même armées, deux enquêtes policières donc deux commandements, à chacun son prisonnier et son lieu de détention. Cette détention à double vitesses des prévenus a eu des conséquences que rien ne permet désormais de cacher. (…)

Les bourreaux savent ce qu’ils ont fait voir aux victimes et ont donc peur de les libérer au risque de laisser fuiter des informations sur les pratiques dans les différents lieux de détentions illégales à Lomé. Ce n’est pas la première fois que le Togo fait parler de lui pour tortures et pratiques inhumaines en milieux carcéral. Puisque les longs règnes finissent dans l’usure, voici deux pôles de décision d’une armée. Une armée dite républicaine. Elle arrête plus de 100 personnes sans mandat d’amener, sans motifs valables, sans aucun chef d’accusation. Un chef d’accusation on le trouvera après les arrestations, quitte à ce que policiers et gendarmes fassent des navettes entre commissariats et bureaux de Messieurs les procureurs pour corriger puis mettre au goût du jour procès-verbaux d’audition et autres documents de condamnation de prévenus. Le comportement de l’armée togolaise est un affront à l’image d’une société moderne, une mauvaise passe à la survie d’une Nation. »

Et le journal LE RENDEZ-VOUS, de tirer les conséquences suivantes de ces tristes constats :

« Sous les dictatures, quand la crise de confiance monte dans l’armée, le dictateur imagine par moments des coups d’Etat pour se défaire des têtes suspectes. Au Togo, cette méthode ne se limite plus à l’armée. Quand la dictature s’est sentie sous menace tout récemment, elle a cru devoir imaginer quelque chose d’analogue à un coup d’Etat. La grande différence est que ce dernier coup supposé est mené dans le bas peuple et la meilleure arme était la magie noire, armes blanches et autres amulettes. Voilà une belle passerelle afin d’écraser comme des cafards, une race de jeunes trop chauds. Imaginez combien de coups d’Etat le président d’un pays comme le Bénin va déjouer par an si la magie noire servait à renverser des régimes. Certes, l’objectif ultime de ce montage n’est pas atteint, mais on a pu faire d’une mauvaise fortune bon cœur en envoyant en exile pas moins de 300 citoyens et occasionné plus de 100 détenus. Parmi ces détenus, il y a des anciens militaires, des femmes nourrices qui n’ont plus vu leur bébé depuis plus d’un an, des pères de familles. »

ALASSANI Moutala, qui fait partie de cette centaine de prisonniers politiques arbitrairement détenus dans l’Affaire Tigre-Révolution est actuellement détenu à l’ancienne Direction de la Gendarmerie nationale togolaise, en face de la BIDC et de la BOAD où, enfermé dans une mini villa avec 72 autres détenus qui vivent continuellement dans le noir, sans avoir de contact avec l’espace extérieur et sans voir le soleil au quotidien, ils ne sont autorisés à sortir dans la cour de la maison qu’en cas de maladie pour être conduits à l’infirmerie ou à l’Hôpital.

Parce qu’il a subi des traitements cruels, inhumains et dégradants tout au long de son arrestation et de sa détention comme les 76 autres prisonniers politiques détenus dans cette affaire, ALASSANI Moutala doit être libéré immédiatement et sans condition comme le prescrivent le Code pénal togolais et les instruments internationaux ratifiés par l’Etat togolais.