BANAVEI BALA

BANAVEI BALA

Né le 24 août 1994 à Bafilo, Préfecture d’Assoli, marié et père de deux enfants (un garçon et une fille), BANAVEI Bala est un mécanicien automobile spécialisé dans la réparation des véhicules poids lourd, vivant au quartier Togo 2000 à Lomé mais travaillant au quartier Agoè-Koffi Panou.

C’est dans la matinée du mercredi 19 décembre 2018 qu’il a été enlevé au quartier 3K par des gendarmes du SCRIC et de l’USIG avec un renfort de militaires, tous lourdement armés et venus dans plusieurs véhicules pour procéder à cet enlèvement.

Il se trouvait alors dans la chambre d’un ami qu’il attendait, KONDOOUFIA Djibril, parti déposer sa femme au marché d’où il devait revenir pour qu’ensemble ils se rendent au Port de Lomé pour finir la réparation de son véhicule se trouvant sur un site communément appelé « Sous-Pont ».

Alors qu’il attendait dans la chambre, plusieurs personnes y font subitement irruption et se mettent à le bastonner sauvagement, y compris à coups des pieds etc., sans rien lui dire et sans qu’il ne comprenne pourquoi ils agissent ainsi et ce qu’ils lui veulent.

Les intrus procèdent à une fouille systématique de la chambre, jetant les effets par terre, la saccageant entièrement.

Puis, ils enlèvent BANAVEI Bala et le conduisent au SCRIC où, sans jamais lui donner la raison pour laquelle ils lui infligent un tel traitement ils reprennent les tortures, traitements cruels, inhumains et dégradants qu’ils lui infligent en le frappant notamment à coup de cordelettes et en lui administrant des décharges électriques sur tout le corps au moyen d’un appareil jusqu’à ce qu’il s’évanouisse.

Au terme de tous ces traitements, il a tout le corps ensanglanté et à son réveil, pour le traumatiser encore plus, il se voit dire par un des gendarmes, qu’il apprendra plus tard être le MDL, qu’« Un être humain ne meure pas vite », qu’ils vont le « paralyser et le décourager de la vie ».

Puis, il est conduit auprès d’un médecin dans l’enceinte du SCRIC qui lui injecte de force ce qu’ils lui présentent comme étant un « vaccin », malgré son refus et sa vive opposition.

Durant tous les mauvais traitements qu’ils lui font subir, reviens sans arrêt, la demande qui lui est adressée par les tortionnaires qu’il collabore avec eux, qu’il leur dise tout ce qu’ils veulent savoir, tout ceci sous la menace d’armes braquées sur lui.

Conduit dans le bureau du commandant de la place, son interrogatoire recommence avec cette première question que lui pose celui-ci : « Tu vas coopérer ou pas ? »

Ce à quoi il répond : « Je ne sais pas au juste ce qu’il y a.»

Puis, viennent les questions suivantes : « Où se trouve le nommé ATCHADAM ? Dans quel village il se trouve ? »

A ces questions, il répond : « Je ne sais pas ».

Après quoi, le commandant fait diversion en lui posant des questions banales avant de revenir à la charge en lui disant qu’ils sont bien au courant qu’il est proche du bureau du parti PNP et donc qu’il doit savoir où se trouve ATCHADAM.

Puis il lui demande pourquoi on l’appelle « Général 19 Aout ? »

A cette question, il répond au Commandant que le nom « Général » est un surnom qui lui a été donné et que le 19 août est sa date de naissance.

Puis reviennent des questions banales, et ainsi de suite…

Après cet interrogatoire, les gendarmes du SCRIC lui demandent de les conduire à son domicile où, dès leur arrivée, ils entreprennent une fouille systématique de toutes les chambres.

Et, du domicile, ils lui demandent de les conduire au garage où il travaille, lequel est aussi systématiquement fouillé jusque dans tous les coins, sans que quoi que ce soit de compromettant n’y ait été trouvé tout comme à son domicile.

Ramené au SCRIC, il y a été gardé adjoint à un groupe des prisonniers.

Le 31 décembre 2018, tous sont présentés au Procureur de la République puis reconduits à nouveau au SCRIC.

Le 9 janvier 2019, tardivement dans la nuit, tous sont transférés du SCRIC avec pour destination finale l’ancienne direction de la Gendarmerie nationale, en face de la BIDC et de la BOAD. Là, c’est un autre calvaire qui commence.

Le 15 janvier 2019, ils sont présentés au Doyen des juges d’instruction qui les a juste écoutés, très brièvement, tout en leur interdisant strictement de faire quelle que déclaration que ce soit sur les tortures, traitements cruels et inhumains et dégradants qu’il a subis. C’est ce même jour qu’il les inculpe formellement et les défère tous à la Prison civile de Lomé.

Le 14 juin 2020, il est à nouveau transféré avec d’autres prisonniers politiques à la l’ancienne direction de la Gendarmerie nationale où ils sont tous enfermé dans une mini villa avec d’autre détenus qui s’y trouvaient, portant au total leur nombre à 72 détenus. Enfermés à l’intérieur de cette villa, ils n’y voient pas le soleil et ne sont même pas autorisés à accéder à la cour pour s’y défouler un peu.

C’est à ce régime, qui est une autre forme de torture, sous lequel ils vivent depuis lors.