Ottawa, 8 août 2022

Par Kossi Djani

Les rideaux sont tombés dimanche dernier à Freiburg (Allemagne) sur la deuxième assemblée générale (AG) statutaire de CODITOGO, la Coalition de la Diaspora Togolaise pour l’Alternance et la Démocratie. Cette AG rendue possible notamment par l’assouplissement des règles de transport international en cette période de pandémie, a permis aux délégués des associations et personnalités membres d’atteindre les objectifs attendus.

Au préalable, rappelons que CODITOGO, la Coalition de la diaspora togolaise pour l’alternance et la démocratie (CODITOGO), est une organisation qui regroupe  diverses associations et personnalités de la diaspora togolaise. Ses membres partagent  une vision commune, celle des apports de la diaspora pour bâtir un Togo démocratique, un pays avec des institutions fortes,  une nation unie pour un développement socio-économique et culturel qui intègre l’épanouissement et l’égalité des citoyens. Née à Paris le 9 décembre 2017 et portée sur les fonts baptismaux à Dakar (Sénégal) le 3 mars 2018, elle est une organisation non-partisane de la société civile pour la démocratie et le développement du Togo dans un contexte panafricaniste.

Que retenir de cette AG de Freiburg?

Cette AG statutaire de CODITOGO avait quatre objectifs: faire une mise à jour des statuts de l’organisation en tenant compte de l’expérience de son fonctionnement depuis l’AG de Dakar, renouveler son équipe de direction, faire le point sur l’état de la situation socio-politique et économique du Togo et redéfinir les orientations possibles pour obtenir l’alternance démocratique au Togo. Concernant tous ces points, les participants ont exprimé leur satisfaction de les avoir atteints adéquatement même si, pour certains, l’effectif des participants aurait pu être plus considérable.

  1. Mise à jour des statuts

L’AG a procédé à une restructuration de l’organigramme de CODITOGO. Principalement, c’est l’article 12 relatif au Conseil Supérieur (CS) qui a été modifié, précisément l’alinéa 1 portant composition du CS. Le Conseil supérieur est « l’instance administrative de CODITOGO entre deux assemblées générales (…)investi de tous les pouvoirs qui ne sont pas statutairement réservés à l’Assemblée générale pour gérer, administrer et diriger l’organisation »; il est « chargé d’exécuter les décisions de l’Assemblée générale » et de faire « le bilan à mi-parcours des activités de CODITOGO ».

La modification de l’alinéa 1 de cet article introduit un principe majeur, celui d’une présidence tournante associative. En effet, jusque-là, le CS était dirigé par un coordinateur général élu pour trois ans par l’AG. Le nouveau texte voté instaure une présidence rotative du poste de coordinateur général afin de donner une place prépondérante aux associations membres en règle. Précisément, à compter du 1er septembre 2022, un président d’une association membre à jour selon les textes dirigera l’organisation pour une durée de six mois renouvelable une fois. Il revient au président du Mouvement de la diaspora pour un Togo Nouveau (MTN), M. Alphonse Lawson-Hellu, de prendre les rênes de CODITOGO.

La modification de cet alinéa a introduit aussi un nouveau poste, celui de Commissaire exécutif. Le commissaire exécutif est élu pour trois ans. Dans cette rotation de la présidence de CODITOGO, le commissaire exécutif facilitera la coordination des activités de l’organisation notamment par son appui aux différents coordinateurs généraux et sera le reflet de la permanence de ses activités. La première Commissaire exécutive élue est Mme Louise Montus, une femme pragmatique et une panafricaniste de conviction.

Mme Louise Montus, la Commissaire exécutive du nouveau CS au micro de Sylvain Amos de Radio Avulété et de Kanal K. Elle donne son impression sur l’AG.

  1. La nouvelle équipe de CODITOGO

Une nouvelle équipe du Conseil supérieur (CS), l’instance dirigeante de CODITOOGO, a été élue pour trois ans à l’exception du Coordinateur général.  Voici sa composition :

  • Coordinateur général (pour 6 mois): association MTN (M. Alphonse Lawson-Hellu)
  • Commissaire exécutive: Mme Louise Montus
  • Secrétaire général: M. Franck Agbekponou
  • Secrétaire général adjoint: M. Celse Kafui Amédin
  • Trésorier général: M. Athanase Bohm
  • Trésorière générale adjointe: Mme Blandine d’Almeida
  • Responsable de la commmunication: Mme Rachel Demorest
  • Responsable adjoint à la communication: M. Elhadj Adam
  • Conseiller politique et stratégique: Me Raphaël Kpande-Adjare
  • Coordinateur Amérique du Nord: M. Raphaël Gbadoe
  • Coordinateur Afrique: M. Marcel Kpognon
  • Coordinateur Europe: M. Florent Adjivon
  • Commissaire vote et recensement: M. Philippe Amedodji
  • Commissaire à la mobilisation: M. Nicolas Awume
  • Commissaire Droits de l’Homme: M. Kpodar Folly Gbetey
  • Commissaire Communication: M. Patrick Mensah
  • Commissaire à l’organisation : Mme Chimène Togbetsè

Les Conseillers à la coordination en charge de :

  • la diplomatie : Théo Agopome
  • la diaspora et à l’organisation : Édouard Bruce
  • affaires politiques : Raymond Ayivi.

Les membres élus du nouveau Conseil Supérieur, l’instance dirigeante de CODITOGO, chantant un refrain de l’hymne national du Togo

  1. L’état de la situation socio-politique et économique du Togo

C’est à travers deux conférences que CODITOGO a introduit les débats sur l’état de la situation socio-politique et économique du Togo et les solutions possibles pour l’alternance démocratique dans notre pays.

La première conférence intitulée L’état de la gouvernance et de la gestion des ressources  au Togo et leurs impacts
a été animée par M. Pascal Adjamagbo, Professeur à la Sorbonne,  M. Dany Ayida, Expert en gouvernance et développement et ancien résident directeur du National Democratic Institute (NDI) en RDC, et M. Joseph Atounouvi, Conseiller en recherche et planification socio-économique au Ministère des transports du Québec (Canada).  Les intervenants ont souligné dans cette présentation, les bases socio-économiques et politiques posées dès la période de l’indépendance par le gouvernement de Sylvanus Olympio, certaines tentatives de programmes économiques des régimes qui ont suivi, tentatives dont ils constatent aujourd’hui l’échec (exemple du Programme National du Développement, PND). À entendre ces intervenants, le système politique au pouvoir actuellement au Togo est un espace fermé et le Togo est un pays où les inégalités économiques sont croissantes. Ils ont présenté l’état de la situation économique du Togo marquée par un surendettement, l’inefficacité de l’administration, le bradage des domaines de l’État, la captation des deniers publics par une minorité et  les conséquences de toutes ces situations sur les citoyens.
Des pistes de solution ont été aussi suggérées à savoir : rendre l’administration, inclusive et accessible avec une « déclaration de service », réduire le train de vie de l’État en dégraissant les avantages (bons d’essence, frais de services, primes de voyages et autres) et contrôler les charges, faire de l’imputabilité le crédo de la gestion publique et augmenter l’effectivité de la perception des recettes, faire l’exploration et la prospection des ressources minières du Togo et adopter un code moderne, ne jamais abandonner le front politique, constituer une force politique avec des propositions pour avancer, soutenir financièrement  le front citoyen de la lutte, innover politiquement dans l’opposition en tenant compte des méthodes nouvelles de fonctionnement du parti au pouvoir.

La seconde conférence, Comment dénouer la crise politique togolaise et parvenir à l’alternance démocratique?,  a été co-animée par  M. Senouvo Agbota Zinsou, écrivain et metteur en scène togolais, et  Me Raphaël Kpandé-Adjaré, avocat au barreau de Lomé. M. Senouvo Agbota Zinsou a fait une topographie de la crise politique togolaise, ses origines internes et externes au territoire togolais depuis l’assassinat de Sylvanus Olympio, premier président du Togo et père de l’indépendance politique. Me Raphaël Kpandé-Adjaré a précisé ensuite le sens de l’alternance démocratique comme une succession au pouvoir entre deux différents partis politiques, laquelle succession implique des élections démocratiques. Pour l’homme de droit, « ce qui pose problème,  ce ne sont pas les élections comme mode de désignation d’un candidat de régulation de la Nation, mais les conditions desdites élections ».  Il a ainsi mis en exergue les différents facteurs explicatifs du défaut d’alternance au Togo, facteurs essentiellement institutionnels, le rôle de répression des Forces Armées Togolaises, avant de proposer des pistes possibles pouvant aider à parvenir à une l’alternance démocratique. Pour lui, l’alternance politique au Togo passe nécessairement par une transition démocratique, l’unité de l’opposition politique togolaise qui passe par la jonction des forces des partis politiques et de la société civile et, pour tous ces acteurs, l’urgence de mettre en avant l’intérêt national plutôt que des avantages partisans.

Me Raphaël Kpandé-Adjaré au micro de Sylvain Amos de Radio Avulété et de Kanal K.

  1. Les orientations de l’AG de Freiburg

Les débats et travaux internes qui ont suivi les conférences ci-dessus mentionnées ont  abouti à une déclaration officielle des participants dite « Déclaration de Freiburg ».  CODITOGO, dans ladite déclaration, notamment:

  • exige entre autres du gouvernement togolais, la libération immédiate de tous les détenus politiques, le retour au Togo des exilés politiques,
  • invite « toutes les forces vives de la nation à taire leurs différends »  et à procéder à un « changement de paradigme »
  • « invite l’opposition démocratique et les organisations de la société civile à organiser un forum pour débattre des bases d’une synergie autour d’une vision et d’un programme communs capables de libérer le Togo »

Au-delà de l’AG de Freiburg…

Pour les acteurs de la société civile togolaise présents à Freiburg ainsi que les observateurs de cette assemblée générale, la rencontre de Freiburg a été un succès, succès d’avoir réuni dans le contexte pandémique actuel et la situation politique togolaise, des délégations de trois continents – Afrique, Amérique et Europe – afin de réfléchir ensemble sur l’avenir de notre patrie, succès d’avoir mis à jour les textes de fonctionnement de CODITOGO, succès d’avoir mis en route un nouveau bureau (le Conseil Supérieur), pour trois ans.  Bref, les objectifs assignés ont été atteints. Cependant, plusieurs défis restent à relever sur plusieurs plans.

Le premier est la mise en œuvre des orientations de Freiburg par le nouveau Conseil Supérieur (CS). L’action du CS va être déterminante aussi bien pour la libération des prisonniers politiques que la cohésion des partis de l’opposition togolaise et des forces de la société civile. S’il est vrai que CODITOGO travaille déjà avec la société civile togolaise pour obtenir la libération des détenus politiques, les résultats demeurent encore en dessous des attentes même si des progrès ont été faits. Il s’agira pour le CS de faire le bilan de la méthode de fonctionnement actuel et voir comment l’améliorer sans oublier la possibilité d’ouvrir des discussions directes avec le gouvernement togolais pour la libération de concitoyens arbitrairement détenus. Concernant l’unité de l’opposition, CODITOGO devra jouer un rôle considérable pour rendre possible le forum de discussion entre les partis politiques et la société civile, forum auquel il appelle pour réaliser la cohésion des forces vives de l’opposition et de la société civile.

Le deuxième défi est l’engagement de la diaspora. Des millions de Togolaises et Togolais vivent en dehors du Togo, surtout en Afrique, en Europe et en Amérique. Nous sommes nombreux à dire vouloir « faire du Togo l’or de l’humanité », mais très peu d’entre-nous s’engagent véritablement  quand vient le moment de le faire. Pourtant les critiques fusent de partout quand les volontaires qui s’engagent font des erreurs. Le CS a un travail de sensibilisation et de prise de conscience à faire auprès de la diaspora qui doit comprendre les défis financiers, le manque de bénévoles pour rédiger des textes, animer les services de communication, pour recueillir et classifier des documents d’informations-clés, bref divers besoins auxquels l’organisation fait face pour appuyer la lutte pour l’alternance dans notre patrie. Faire des contributions financières mensuelles aussi petites soient-elles sera d’une aide importante si les contributions sont faites sur une base régulière.

C’est le lieu de féliciter les membres sortant du CS notamment Raymond Ayivi, ex-Vice-coordinateur puis ex-Coordinateur général,  qui a beaucoup donné en particulier ses deux dernières années pour la réussite des actions de CODITOGO.

M. Raymond Ayivi, ex-Vice Coordinateur, ex-Coordinateur général, au micro de Sylvain Amos de Radio Avulété et de Kanal K.

Puissions-nous, ensemble avec le nouveau Conseil Supérieur, agir pour avancer dans la construction d’un Togo démocratique, uni et prospère!