Né le 2 octobre 1996 à Agouloudê (Préfecture de Tchaoudjo), célibataire sans enfant et ferrailleur de profession, ISSAKA Rabiou a été arbitrairement arrêté dans l’Affaire « Tigre Révolution » à l’entrée du poste-péage de Davié alors qu’il circulait dans un bus de 15 places, le 26 janvier 2020.
Après son arrestation, c’est directement au Camp GIPN d’Agoè-Logopé qu’il est conduit.
Durant tout le temps qu’il y passe, on lui fait subir un indescriptible calvaire : il est frappé tous les jours, ne trouve que peu à manger, se voit contraint à dormir à même le sol, sans natte, et n’est autorisé à se doucher que dans les nuits profondes.
Lorsqu’il est frappé, c’est entre autres sur les talons que les coups sont administrés avec des machettes, ce qui arrive systématiquement lorsque tout détenu qui demande à aller au WC se voit imposer comme « tarif » de prendre obligatoirement des coups au préalable.
Enfermé dans la même cellule avec 37 autres codétenus, il leur est interdit de se parler et de se lever ce qui fait que, lorsqu’ils ne dorment pas, c’est toujours assis qu’ils doivent rester.
Aux 38 personnes qu’ils sont donc au total, il n’est alloué qu’un bidon d’eau par jour qu’il leur est surtout interdit d’utiliser pour faire des ablutions de préparation à la prière car, musulmans qu’ils sont pour la plupart, on les bastonne sauvagement lorsqu’ils sont surpris en train de prier.
Pour leurs besoins naturels, parce qu’il leur est interdit de se déplacer dans le bâtiment où se trouve la cellule dans laquelle ils sont enfermés et d’en sortir, il est mis à leur disposition un bidon dans lequel ils sont tenus de pisser. Mais, lorsque ce bidon d’urine est plein et qu’ils veulent aller le vider, ils ont beau appeler pour qu’on vienne leur ouvrir, on les laisse frapper à la porte de la cellule sans s’occuper d’eux jusqu’à ce que, fatigués, ils se résignent à ne plus le faire, montrant ainsi qu’on se fout pas mal d’eux, qui sont considérés moins que des animaux.
Au bout de ce calvaire, le 7 février 2020, il est présenté au Juge d’instruction qui décide de l’inculper et de le placer sous mandat de dépôt à la Prison civile de Lomé pour la poursuite des enquêtes mais, depuis lors, il n’a été ni jugé, ni condamné.
Quelques mois plus tard, il est transféré dans les locaux de l’ancienne direction générale de la Gendarmerie nationale togolaise, en face de la BIDC et de la BOAD où il a rejoint 72 autres détenus enfermés dans une mini villa. Là également, il n’a cessé de continuer à subir des tortures, vivant continuellement dans le noir, sans avoir de contact avec l’espace extérieur et sans voir le soleil au quotidien, n’étant autorisés à sortir dans la cour de la maison qu’en cas de maladie pour être conduits à l’infirmerie ou à l’Hôpital.
Toutes choses faisant qu’au bout des 9 mois de tortures qu’il n’a cessé de subir depuis son arrestation, il lui en est résulté de graves maux d’yeux, surtout après cette torture qu’on lui a fait subir en lui projetant directement dans les yeux un produit pimenté qu’il a pensé être un insecticide mais qui devait vraisemblablement être une grenade lacrymogène. Ceci ayant complètement dégradé sa vue, il ne voit plus bien et est sans cesse malade depuis lors.
Parce qu’il a subi des traitements cruels, inhumains et dégradants tout au long de son arrestation et de sa détention comme les 77 autres prisonniers politiques détenus dans l’Affaire « Tigre Révolution », ISSAKA Rabiou doit être libéré immédiatement et sans condition comme le prescrivent le Code pénal togolais et les instruments internationaux ratifiés par l’Etat togolais.