ZAHINI Kassoumou - Coditogo

ZAHINI Kassoumou

ZAHINI Kassoumou

Né le 13 mai 1988, célibataire avec enfant, menuisier en aluminium, ZAHINI Kassoumou a été arbitrairement arrêté par des gendarmes dans l’Affaire « Tigre Révolution », alors qu’en route pour Davié, le dimanche 24 novembre 2019, il a été appelé par un de ses clients souhaitant le rencontrer sur son chemin à Adétikopé où, arrivé aux environs de 16H, il tombe dans un guet-apens tendu par des gendarmes qui se sont jetés sur lui, le passant sévèrement à tabac et lui infligeant tortures et autres traitements cruels, inhumains et dégradants.

Puis, ils lui cagoulent le visage pour le conduire jusqu’à un lieu inconnu où, ils le séquestrent et continuent à lui infliger tortures et autres traitements inhumains, cruels et dégradants tout en maintenant son visage toujours constamment cagoulé, de jour comme de nuit, pendant 2 mois et 5 jours où il n’a cessé d’être soumis à un interrogatoire des plus serrés sous l’accusation d’être un activiste politique déterminé, raison pour laquelle ses tortionnaires l’ont affublé du surnom de « Général 5 étoiles ».

Ne sachant jusqu’alors pas où il était détenu, ce n’est qu’un jour où il a entendu de loin l’un des agents en fonction à cet endroit décrocher le téléphone pour répondre à un appel lors duquel il a donné rendez-vous à une personne à son lieu de travail qu’il a pu savoir finalement qu’il se trouvait en réalité au SRI (Service de renseignement et d’investigation), à savoir l’actuelle Direction du Service Central de Recherches et d’Investigations Criminelles (SCRIC) d’Agoè-Cacaveli.

Si nous avons déjà relayé les informations sur les tortures infligées aux citoyens arbitrairement arrêtés et détenus dans cette affaire « Tigre révolution », il est important de revenir ici sur le rôle joué par certaines autorités à cette occasion. Une fois encore, c’est le journal Le Rendez-vous qui, dans son N°353 du 06 novembre 2020, nous édifie sur le rôle et les responsabilités assumées par le Ministre Christian TRIMUA dans cette affaire. Nommé depuis lors Ministre des droits de l’Homme, de la Formation à la citoyenneté, des Relations avec les institutions de la République, Porte-parole du gouvernement, le journal Le Rendez-vous fait des révélations sur son implication dans le grotesque montage qui a été présenté à la télévision nationale au début de cette Affaire « Tigre révolution » comme suit :

« Le ministre Trimua qui connaît parfaitement le droit, était à côté de la police au plateau de la TVT quand celle-ci racolait par des arguments tirés par les cheveux le montage Tiger au public. Voilà donc aujourd’hui un ministre des droits de l’homme qui encourage par sa caution les détentions arbitraires sur fond de torture suivies de morts pour un dossier qui n’a ni queue ni tête. Monsieur le Ministre, les gens meurent tous les jours en détention dans l’affaire Tiger dont vous étiez devant les écrans en campagne de communication pour apporter de l’eau au moulin de la police et des metteurs en scène. Que dites-vous, Monsieur le ministre de la justice dit quoi de la justice ? Actuellement, quasiment tous les détenus sortis des lieux de tortures sont malades. Ceux qui sont au cabanon ne sont que les cas alarmants, avec les autres gardés à la PCL, ce n’est pas la grande forme. Impossible de rester assis à cause des plaies aux anus, démarches les pieds écartés, amaigris comme le bétail du désert, leur apparence famélique véhicule des maux qui ne disent pas leur nom. D’ailleurs c’est dans ce lot qu’on a enregistré le dernier mort, un jeune Tchamba du nom de Alilou. Leur acuité visuelle ? Une autre équation, pendant le séjour dans l’environnement tortionnaire, ils sont permanemment gardés au noir, quand on doit les déplacer d’un coin à l’autre, ils sont cagoulés pour qu’ils ne soient pas en contact avec la lumière et qu’ils ne sachent pas forcement ce qui les entoure. Quand on reste longtemps dans un tel environnement, les ophtalmologues savent mieux ce que ça coûte. En milieux tortionnaires, tous les modes de vie qu’imposent les bourreaux sont des formes de torture, le fait par exemple de les empêcher de se parler a ses effets secondaires, tout est imaginé et imposé pour détruire l’être humain, à le tuer à petit souffle. (…) »

C’est tout ce calvaire qu’a aussi enduré ZAHINI Kassoumou Ousmane qui, sorti paralysé par les tortures et traitements cruels, inhumains et dégradants lui ayant coûté une hospitalisation de 7 mois au Cabanon du CHU-Tokoin, a d’abord été déplacé, toujours cagoulé, de ce lieu de détention, le 2 février 2020, jour de l’élection présidentielle.

A nouveau déplacé dans la journée du lendemain, 3 février 2020, il est d’abord conduit à un endroit qu’il n’a seulement reconnu à leur arrivée comme étant la DPJ que lorsqu’on lui a enlevé la cagoule dont on lui cachait jusque-là le visage. Après ce passage à la DPJ, il est conduit au Tribunal de Lomé pour y être déféré par devant cette « Justice » togolaise totalement instrumentalisée par le pouvoir togolais auquel elle est inféodée et se voit inculper sous les 4 rocambolesques chefs d’accusation suivants qui ont été retenus contre lui : troubles aggravés à l’ordre public, destructions volontaires, groupement de malfaiteurs et atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat.

D’abord mis sous mandat de dépôt à la Prison civile de Lomé, il est transféré, quelques mois plus tard, à l’ancienne Direction générale de la Gendarmerie nationale togolaise, en face de la BIDC et de la BOAD où, enfermé dans une mini villa avec 72 autres détenus vivant continuellement dans le noir, sans voir le soleil au quotidien, ils ne sont autorisés à sortir dans la cour de la maison qu’en cas de maladie où ils sont conduits à l’infirmerie ou à l’Hôpital. C’est ce régime, qui est une autre forme notoire de torture venant s’ajouter aux traitements cruels, inhumains et dégradants antérieurement infligés à ZAHINI Kassoumou lors de sa détention au SCRIC, dont les conséquences lui ont causé une paralysie de l’œil droit pour laquelle l’acquisition d’un appareil oculaire de réparation lui a été recommandée.

Parce qu’il a subi des traitements cruels, inhumains et dégradants tout au long de son arrestation et de sa détention comme les 76 autres prisonniers politiques de l’Affaire « Tigre Révolution », ZAHINI Kassoumou doit être libéré immédiatement et sans condition comme le prescrivent le Code pénal togolais et les instruments internationaux ratifiés par l’Etat togolais.