Parachronisme du prix du carburant à la pompe au Togo, au-delà des facteurs exogènes

Parachronisme du prix du carburant à la pompe au Togo, au-delà des facteurs exogènes

Montréal, Juillet 2022

Par Joseph Atounouvi

Les besoins de déplacements ont évolué dans le temps et les véhicules et connexes sont devenus incontournables. Les contraintes ou les impératifs du libéralisme économique de notre siècle, donc comme corollaires le libre-échange, l’éparpillement des activités dans l’espace, les nouvelles formes d’occupation des territoires accentués par la suburbanisation résidentielle ont fait que le carburant ou l’hydrocarbure est devenu un rouage inéluctable et impérieux de cet engrenage. Le Togo a connu trois augmentations du prix à la pompe en cette année 2022 (mars, juin et juillet).

Ainsi le carburant est devenu un bien stratégique, dont le coût et les fluctuations ont des répercussions insoupçonnées. De sorte que, dans certains cas, le carburant peut se rapprocher d’un bien incompressible; tant sur le plan privé que public. Autrement, sa consommation jusqu’à un certain niveau est requise, même lorsque le revenu du consommateur diminue ou tend vers zéro. Cependant, il n’est pas un bien incompressible dans le sens traditionnel de Keynes.

L’imbroglio du prix à la pompe au Togo

Le carburant étant devenu un bien stratégique et incontournable pour la logistique de tous les jours, la variation à la hausse de son prix engendre, entre autres, des incertitudes et des inquiétudes sur le pouvoir d’achat des citoyens. Encore plus le prix du carburant est souvent sujet à des variations substantielles et irrégulières, de sorte que les acteurs économiques lui doivent une attention particulière. À cet égard, une forte augmentation de la volatilité des prix impacte l’activité économique et par ricochet le pouvoir d’achat des ménages.

Pour amoindrir ces impacts, le prix dynamique est pratiqué par certaines juridictions qui ont un certain niveau de transparence et d’imputabilité ou qui se soucient pour le bien-être de leurs citoyens. Subséquemment, le prix à la pompe varie à une fréquence relative; notamment une ou plusieurs fois par semaine. De ce fait, ces variations sont principalement corrélées à celles des cours sur les marchés du Brent et connexes.

En plus de cela et à certains égards, la concurrence entre les exploitants de points de vente implique aussi de légères différenciations du prix, dont des prix psychologiques pour l’attraction et la rétention de la clientèle.

Au moment où le prix du Brent sur les marchés mondiaux connait une tendance baissière, les autorités togolaises viennent d’augmenter les prix à la pompe à partir du 19 juillet 2022 comme suit : Super sans plomb 700 fcfa (plus 75f, Pétrole lampant 650 fcfa, Gas Oil 850 fcfa et Mélange 788 fcfa.

Rappelons qu’au Togo, de la mi-mars à la mi-juin 2022, le prix de l’essence a connu deux augmentations successives passant de 505 fcfa le litre à 625; soit une augmentation de près de 24%, le Gasoil monte désormais de 605 à 660 fcfa ; et le mélange 2 temps de 690 à 718 fcfale lampant passe de 550 FCFA à 580 fcfa. Enfin, le prix des bouteilles de gaz butane de 12,5 kg est à 6500 fcfa, et celui des bouteilles 6 kg à 3120 fcfa.

Toutes ces augmentations produisent des réactions à la chaine sur les autres prix. Cela s’ajoute à la"Tout augmente de prix au Togo" hausse préalable des prix des biens de première nécessité et le niveau général des prix. Notons que une grande partie des citoyens qui vivent au jour le jour.

« On ne peut choisir les épreuves qui s’abattent sur nous, mais on peut choisir comment on y fait face en temps de crise » disait Julie Payette ancienne astronaute et gouverneure générale du Canada.Tout augmente de prix au Togo. Par contre les pays qui pratiquent un prix dynamique ont vu leur prix à la pompe diminués depuis quelques jours.

Ci-après un aperçu du niveau du prix à la pompe dans certains pays de la zone CEDEAO

Togo Ghana Benin Burkina Faso Mali Nigeria Côte d’Ivoire
Prix ​​de l’essence 625 1,286$us 600 715 762 0,411$ 735
Les prix du diesel 660 1,552$ 668 645 760 1,56$ 615
Prix ​​de kérosène 580 1,415$ 851 1,406$ 645
Prix KWh d’électricité pour les ménages 115,88 0,046$ 123,44 131,08 0,056$ 72,604
 

Salaire minimum

35 000 11,82 ₵/h

2$/h

40 000

Augmenté à 52 000

36 270 40 000 30 000₦

72€

60 000

Prix du carburant et de l’électricité au 20.06.2022 (fr.globalpetrolprices.com)

La tendance du prix à la pompe en France

Le prix du diesel était au début de semaine du 18 juillet est de 1,99€ le litre, donc une baisse de 17 centimes/litre sur un mois; soit près de 9% de baisse.

  • Le prix du SP 95 (E10) est de nouveau descendu sous la barre psychologique des 2€ le litre. Ce qui représente 3 centimes de moins que la semaine précédente et 15 centimes de moins qu’il y a un mois.
  • Et le prix du carburant E10 est descendu à 1,95€/litre; donc 2 centimes de moins en une semaine et 14 centimes/litre de moins en 1 mois.

L’évolution du prix dynamique dans certains États aux USA

Ci-dessous la variation du prix (dynamique) à la pompe dans certains États des USA. Encore là une démonstration de l’arrimage du prix à la pompe sur les cours du Brent, et bien sûr en tenant compte des marges diverses et spécifiques.

 

L’évolution du prix dynamique au Canada

Ici aussi on a une évolution directement accotée à la variation du prix du Brent.

En $ Canadien

Prix moyen au 17.07.2022

Canada (national) Québec (provincial)
183,6$/litre 194,3$/litre
Prix moyen semaine du 11.07.2022 189,0$/litre 201,2$/litre
Prix moyen juin 2022 205,1$/litre 216,1$/litre
Prix moyen 2021 137,2$/litre 139,4$/litre
Prix le plus bas en juin 2022 183,0$/litre 193,7$/litre
Prix le plus élévé en juin 2022 203,5$/litre 215,6$/litre
Prix le plus bas en 2021 133,7$/litre 136,8$/litre

Et au Québec qui est la juridiction qui a le plus de taxes et impôts en Amérique du Nord, la tendance du prix à la pompe est à la baisse depuis 1 mois (voir graphique ci-dessous). Et la moyenne du prix y est ce 19 juillet 2022 est de 185,9$CA.

http://www.quebecgasprices.com/retail_price_chart.aspx

Le manque de raffinerie accentue la dépendance de l’Afrique subsaharienne

Selon la société de conseil CITAC, l’Afrique subsaharienne n’a en 2021 utilisé que 30% de sa capacité de raffinerie, déjà relativement faible, qui est de 1,36 millions de barils/jour (BPJ). C’est ainsi que les raffineries du Ghana, du Cameroun et du Sénégal étaient fermées en 2021, alors que les 2 raffineries privées du Nigéria ne peuvent traiter que 1% de la production du bruit du Nigéria, qui s’établi à 1,3 millions de barils/jour.

De la sorte et malgré que l’Angola et le Nigeria soient de grands exportateurs de pétrole brut, leur besoins domestiques en carburant est couverts à plus de 80% par des importations. Ce qui est une incongruité sans pareil; bref un monde d’extraterrestre.

Donc les pays africains, sont hyper dépendants de l’importation de produits pétroliers. Et ceci malgré leurs énormes réserves estimées à plus de 125 milliards de barils de réserves de pétrole, 600 trillions de pieds cubes de gaz naturel et bien d’autres ressources. C’est comme s’assoir sur la source de lumière et avoir besoin de lampion pour s’éclairer.

Alors, le prix du pétrole étant très influencé par la géopolitique mondiale, les turbulences accentuent la pression sur l’approvisionnement en carburant des pays africains. Les pays africains doivent par conséquent mobiliser de plus en plus de réserves de devises pour l’importation du carburant.

Et les ajustements successifs des prix à la hausse commencent par irriter les citoyens de ces pays. C’est dans ce contexte que le président de l’association des raffineurs et distributeurs africains (ARDA), Anibor Kragha, estime que la situation pourrait s’empirer à court terme.

Le hic est que dans le cas d’espèce, il n’y a pas à l’horizon de solutions rapides, même s’il y aurait une volonté d’investissement massif dans la modernisation ou l’installation des infrastructures de raffinerie. Il faudrait malheureusement un minimum de temps.

Le carburant, c’est quoi?

Le produit de raffinage du pétrole qu’est le carburant est composé d’alcanes entre 20 % à 30 %, d’alcènes entre 30 % à 45 %, de 5 % de cyclo alcanes et d’hydrocarbures aromatiques entre 30 % à 45 %.

Le carburant alimente alors un moteur thermique comme combustible, en transformant son énergie en énergie mécanique. La particularité du moteur à combustion interne est sa capacité à produire une grande densité énergétique, donc beaucoup d’énergie avec un volume relativement moindre. L’allumage des moteurs à essence se fait subséquemment grâce à la bougie qui déclenche l’étincelle qui enflamme le mélange essence-air.

Le carburant ou encore plus le pétrole est donc une puissante source d’énergie qui nous transporte, chauffe nos maisons et nos installations, crée des emplois, et sert à fabriquer de nombreux produits de consommation courante.

Mais quand le pétrole est rentré dans nos habitudes?

C’est seulement en 1910 que le pétrole sera considéré comme une matière stratégique. Et son exploitation ou son début d’utilisation industrielle remonte en 1857 en Roumanie, en 1859 aux USA, en 1861 en Ukraine et progressivement un peu partout.

Bien sûr, le pétrole qui est une énergie fossile n’est pas la seule source de carburants. Il y a aussi les biocarburants, provenant de la transformation de matières organiques (plantes ou animaux non fossilisés) dont le bioéthanol, le biodiesel, l’algocarburant, le biogaz et dans une autre mesure l’huile végétale.

Par contre, le pétrole est devenu avec le temps la première source d’énergie dans le monde et principalement dans les transports et la pétrochimie. Il satisfait à 32,57 % des besoins énergétiques dans le monde.

Et chaque baril de pétrole peut contenir jusqu’à 43 % d’essence, 30% de diesel et de mazout, 6% de kérosène; 2 % d’asphalte, 1% de Naphta,1 % d’autres produits issus de la pétrochimie, 1 % de lubrifiants et 16% d’autres produits comme le coke de pétrole, gaz de distillation et autres produits pétroliers comme la paraffine pour fabriquer les bougies (cire).

Ce sont les années 1970 qui feront entrer le marché pétrolier dans une zone permanente de turbulence. Certains pays arabes producteurs de pétrole décréteront un embargo en réaction à la guerre de Yom Kippour.

Il y aura surtout l’apparition du pétrodollar en 1973 avec l’accord entre les USA et l’Arabie Saoudite pour échanger chaque baril de pétrole en dollars de la Réserve fédérale. À partir de cet instant, les contrats du pétrole seront libellés exclusivement en dollar USAinsi le système d’échange de pétrole contre des dollars a généré une grande demande artificielle de dollars dans le monde. Il indu un avantage pour l’économie américaine avec l’externalisation de leur politique inflationniste.

Et depuis lors le marché du pétrole est influencé par les acteurs et des contraintes géopolitiques. Ainsi certains parlent du marché du pétrole comme un marché concurrentiel contrôlé.

Il faut souligner qu’avant ces chocs pétroliers des années 1970, la demande de pétrole était à plus de 50% destinée aux besoins d’électricité, de chauffage et de l’industrie. Alors qu’actuellement les besoins de carburant pour le transport (camions, voitures) font les 2/3 de la demande de pétrole.

Les types de carburants dérivés du pétrole

Les carburants aussi désignés hydrocarbures sont plus diversifiés que l’on pense, cependant les plus connus sont l’essence et le fioul pour les avions.

Les déclinaisons les plus connues ou usuelles sont les types avec des indices d’octane, entre autres, sans plomb SP98, SP95, SP91, SP 95-E10 et Super éthanol E85. Plus l’indice est élevé, plus facile est l’allumage et donc plus réduite sera l’usure du moteur.

Il faut noter que le diesel et le gazole sont le même produit, seulement les noms varient selon les régions du monde où ils sont vendus. Par contre, le diesel diffère de l’essence, car il est distillé à partir d’hydrocarbures plus lords.

Par conséquent, les moteurs utilisant le diesel ont un mécanisme différent; notamment leur allumage est fait par compression de l’aire à très haute pression pour produire la chaleur qui allumer le carburant.

Le fioul domestique est considéré comme le cousin du diesel ou le gazole. La différence entre les deux est au niveau du taux de cétane moins élevé.

Le kérosène produit encore plus d’énergie par volume, et donc un plus important pouvoir calorifique; donc incidemment plus d’autonomie. Il est ainsi privilégié comme carburant dans l’aviation.

Une idée de la production mondiale du pétrole

En décembre 2021, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) estimait que la production mondiale de pétrole en 2022 serait supérieure à la demande; au moment où la consommation devrait atteindre le niveau d’avant la pandémie, soit près de 100 millions de barils par jour. Il faut noter que 1 baril de pétrole équivaut à 42 gallons US ou 34,97 gallons impériaux ou encore 158,987 litres ou encore 0,159 m3.

En 2015, la production mondiale de pétrole s’établissait à 95,62 millions de barils par jour, soit presque 1107 barils par seconde. Et la production mondiale de pétrole en 2014 était de 93,3 millions de barils par jour. Ce fut 90,33 millions de barils par jour en 2013 et 89,76 millions de barils par jour en 2012.

La répartition de la production mondiale du pétrole

Le déséquilibre entre les régions n’est pas marqué en ce qui concerne la répartition de la production mondiale. Ainsi aucun coin du monde ne domine outrageusement la production du pétrole, comme l’indique le graphique ci-après.

Par contre, aucun pays africain ne figure parmi les grands pays producteurs mondiaux de pétrole, dont les 10 premiers sont les suivants (data.oecd.org, escaledenuit.com).

  • 1errang, les États-Unis avec 18 millions de barils par jour, soit environ 15.6% de la production mondiale;
  • 2erang, l’Arabie Saoudite avec plus de 15% des réserves mondiales de pétrole brut produit plus ou moins 13,1% de la production mondiale; soit 10,8 millions de barils de pétrole par jour;
  • 3erang, la Russie le plus grand pays au monde, fourni environ 13% de la production mondiale, soit 10,5 millions de barils par jour;
  • 4erang, le Canada produit approximativement 6% de la production mondiale, soit 5,23 millions de barils par jour;
  • 5erang, la Chine produit en moyenne 5% de la production mondiale de pétrole, soit 4,8 millions de barils de pétrole brut par jour;
  • 6erang, l’Irak avec 4,6 millions de barils extraits quotidiennement;
  • 7erang, les EAU (Emirates Arabes Unies) avec près de 3,8 millions de barils par jour;
  • 8erang, le Brésil produit presque à égalité avec les EAU avec 3,77 millions de barils par jour;
  • 9erang, l’Iran avec 3 millions de barils de pétrole par jour;
  • Et en 10eposition le Koweït avec 3 millions de barils de pétrole par jour.

Le Venezuela aurait jusqu’à 17,5% des réserves de pétrole connues; cependant la géopolitique actuelle fait que sa production n’est pas institutionnalisée dans les données disponibles.

Sur les plans africains, les pays avec un certain niveau de production de pétrole sont les suivants; selon le classement de organismes.org en février 2022.

  • 1erle Nigeria, avec plus de 2 037 000 barils par jour, le Nigéria est incontestablement le premier producteur de pétrole d’Afrique;
  • 2el’Angola, une production estimée à 1707 000 barils par jour;
  • 3el’Algérie, plus de 1 641 000 barils par jour;
  • 4ela Libye, environ 852 000 barils;
  • 5el’Égypte, environ 653 000 barils par jour;
  • 6ele Congo-Brazzaville, avec 354 000 barils produits par jour;
  • 7ela Guinée Équatoriale, environ 206 000 barils;
  • 8ele Gabon, produit environ 198 000 barils de pétrole par jour;
  • 9ele Ghana, 152 000 barils par jour;
  • 10ele Soudan du Sud, environ 150 000 barils par jour;
  • 11el’Afrique du Sud, avec approximativement 132 000 barils produits par jour;
  • 12ele Tchad, une production d’environ 130 000 barils par jour;
  • 13 le Soudan, environ 105 000 barils par jour;
  • 14ele Cameroun, avec environ 81 000 barils par jour;
  • 15ela Côte d’Ivoire, 55 000 barils par jour;
  • 16ela Tunisie, environ 38 000 barils par jour;
  • 17ela RDC, environ 19 000 barils par jour;
  • 18ele Niger, environ 11 000 barils par jour.

Quel est le coût de l’extraction du pétrole?

Les coûts d’extraction du pétrole varient d’un extrême à l’autre selon le lieu d’extraction. Ces coûts sont relativement faibles dans le golfe Persique et plus élevés pour l’extraction dans les sables bitumineux.

Coûts d’extraction du pétrole pour l’année 2015 (AlternativeÉconomique).

Une idée de la consommation mondiale du pétrole

L’OPEP (organisation des pays exportateurs de pétrole) a prévu pour 2022 une consommation mondiale de pétrole de près de 100,6 millions de barils par jour. Ce qui représente 500 000 barils par jour de plus qu’avant la pandémie COVID en 2019. Et en dehors de la période pandémique COVID-19, la consommation mondiale de pétrole est en croissance persistante.

C’est ainsi que la consommation mondiale de pétrole en 2017 était de 97,4 millions de barils par jour, et de 96,1 millions barils par jour en 2016. Quand on recule de près de 12 ans, autrement en 2010, la consommation mondiale fut de 8,78 millions de barils par jour.

Et les plus grands consommateurs mondiaux du monde de pétrole en 2019 sont les suivants

(source : mern.gouv.qc.ca)

Les composants du prix à la pompe

Ce qui est communément appelé le prix à la pompe est le prix payé pour le litre de carburant ou d’essence. Ce prix a divers composants exogènes et endogènes, dont certains sont spécifiques aux réalités régionales ou locales comme les taxes, autres charges et les pratiques de gouvernance.

Les composants exogènes du prix à la pompe

  • Il y a le prix ou le cours du baril de brut (brent), qui est généralement fixé par le marché mondial. Il serait en fonction de l’offre et de la demande, cependant pas seulement, car le marché du pétrole est un marché contrôlé.

Les enjeux mondiaux dont la géopolitique, le pétrodollar, etc., y jouent un rôle non négligeable. Le prix du Brent fluctue beaucoup. Par exemple, il était par exemple de 100$ au début de l’année 2014, de moins de 30$ en janvier 2016 et de 113$ à la mi-juin 2022.

Au premier trimestre 2021, le cours du brut s’établissait à 61 $ le baril en moyenne, en hausse de 38 % par rapport au dernier trimestre 2020. Il était de 75$ en juillet 2021, d’environ 89$ au début de février 2022, 104$ au début de mars 2022 et 121$ à la fin mai 2022 avant de descendre à 113$ à la mi-juin.

  • La marge de raffinage qui permet de transformer le pétrole en carburant; donc le coût la transformation du brut en divers types de carburants, comme l’essence, le kérosène, le diesel, le mazout, et autres.

Alors, pour les entités ou pays qui n’ont pas de raffineries, la marge de raffinage est donc aussi un composant exogène. En général l’Afrique dispose de peu de raffineries et pire encore elle n’a utilisé que 30% de sa capacité de raffinage en 2020 selon le cabinet conseil CITAC. Ce qui accentue les problèmes de distribution de carburant sur le continent.

  • Il pourrait y avoir d’autres composants exogènes selon les spécificités locales et le niveau de transparence de la gouvernance.

Les composants endogènes

  • Prix à la rampe de chargement qui est le prix payé par les clients d’un dépôt pour obtenir de l’essence en gros;
  • La marge de distribution qui comprend les frais d’exploitation d’une station-service de même qu’un profit pour les détaillants. Dépendamment des zones d’acheminement et des orientations, cette marge pourrait varier d’une région à l’autre;
  • Le coût de la fiscalité; notamment les taxes (exemples : TPS et à la taxe d’accise, TVA, TICPE, taxes pour le transport, taxes pour les municipalités, etc.) et autres charges;
  • La marge au détail qui est celle de la distribution, donc la différence entre le coût d’acquisition et le prix affiché à la pompe.

Cependant, pour éviter un déséquilibre entre les différentes régions, certaines législations ou pays compensent ce coût soit par une partie des taxes à percevoir sur les carburants ou par tout autre mécanisme; afin d’assurer l’harmonisation des prix sur le territoire national.

Le pactole que constituent les taxes sur le prix à la pompe

En dehors du prix du brut, les taxes et autres charges constituent la deuxième plus grande composante du prix à la pompe. Cependant il n’est pas rare que les taxes représentent jusqu’à 60% du prix à la pompe.

Tout compte fait, c’est en effet ce poste qui explique les différences de prix considérables qu’on peut constater entre différents pays ou juridictions. Même s’il y avait d’autres composantes spécifiques, elles seraient de moindres impacts que les taxes; dans la différence de prix.

Et il est possible de voir certaines structures de prix à la pompe où on taxe d’autres taxes. L’assiette fiscale sur le prix du carburant constituent une manne qui soit fait des merveilles, quand elle bien rétribuée et utilisée aux fins pour lesquelles elle est destinée; notamment le financement des infrastructures routières, le transport collectif et autres. Autrement elle est une boîte à pandore et un nid de miel pour la corruption.

Alors quand la corruption, le népotisme sont légion, cette manne est captée et devient un capharnaüm qui finit par canaliser la colère des consommateurs. C’est généralement dans ces cas d’espèce que la structure du prix à la pompe n’est pas publique, afin d’éviter de devoir rendre des comptes.

La nature a horreur du vide et encore plus en ce qui concerne l’État qui est un concentré d’intérêts. Il faut une vision qui impose l’imputabilité, la rigueur et l’anticipation, entre autres. Autrement ce sont les groupes d’intérêts et des individus qui s’accaparent de la richesse collective au détriment du bien être national.

Il y a évidemment des facteurs exogènes dans le prix du carburant qui sont dictés par la géopolitique mondial, malgré cela la fiscalité offre une relative flexibilité; à condition d’avoir une volonté politique.

Le contexte de l’augmentation généralisée des prix du panier de la ménagère impose une gestion de crise adéquate, afin d’amoindrir temporairement le fardeau pour les citoyens. Henri Leclerc dira que « la liberté et la dignité humaine doivent être effectives, et il ne sert à rien de dire que chacun doit vivre libre s’il n’a pas les moyens de vivre ».

Deux exemples de gestion transparente du prix à la pompe

L’illustration ci-dessous du prix à la pompe en France montre que les taxes (TICPE ex-TIPP et la TVA) et autres marges font entre 45 à 50 % du prix à la pompe. Et avec l’augmentation substantielle du prix du brut en 2022, il y a été décidé une mesure de contrôle du prix par l’entremise du jeu des taxes.

Ainsi depuis le 1er avril, une remise de 15C par litre est appliquée et compensée sur les taxes. Dans un cas pareil, certaines sources parlent de la réalisation de mesure de la dégressivité d’une taxe par l’estimation de l’élasticité-prix de la demande de carburant selon le niveau de vie, entre autres.

Un autre exemple est la structure du prix à la pompe au Québec (Canada). Ainsi le graphique ci-dessous nous démontre l’adaptation des différentes marges en 2013 et 2019 au Québec (Canada). Une autre démonstration que le composant endogène peut être utilisée comme levier pour accommoder les citoyens, dépendamment de la conjoncture économique.

Sources : Transition énergétique Québec, Régie de l’énergie et Statistique Canada.

Faisons désormais ce qu’il faut pour le bien du peuple!

 

 

TOGO: état de la gouvernance et de la gestion des ressources et leurs impacts

TOGO: état de la gouvernance et de la gestion des ressources et leurs impacts

Ce sujet a été présenté en conférence à l’assemblée générale de CODITOGO à Freiburg, Allemagne le 6 août 2022

Montréal, 1er septembre 2022

 Par Joseph Atounouvi 

Nobert zongo disait que « personne n’a un avenir dans un pays qui n’en a pas ».

C’est dans cette optique que les Pères fondateurs du Togo indépendant s’étaient attelés à la construction d’une nation prospère. Ils étaient donc conscients que le développement doit être une quête jalonnée de défis multiples.

Des décisions fortes et visionnaires ont été prises, notamment :

  • Refus (Sylvanus Olympio) de signer le pacte colonisation et paiement de la dette coloniale exigée en contrepartie; qui pourrait atteindre 40 % du budget du Togo naissant (1963);
  • Faire passer sa part de 2% à 20% dans la compagnie d’exploitation des mines CTMB (compagnie togolaise des mines du Benin);
  • Le rachat avec sur fonds propres de la UNELCO, la seule compagnie d’électricité du pays, entre autres. Finalement;
  • Le Togo souverain voulait battre sa propre monnaie, afin d’être « Maître de son Destin »;
  • Dès le 20 juillet1960, moins de 3 mois après la proclamation de l’indépendance le 27 avril, les nouvelles autorités togolaises signeront un accord de coopération économique avec l’Allemagne Fédérale pour la construction d’un port de Lomé, dont la pose de la première pierre se fera le 23 novembre 1962;
  • Le Togo projeta de sortir du mécanisme CFA et d’adopter sa propre monnaie. Hélas, le colon ne concevait pas ce divorce et assassinat le premier président du Togo le 13 janvier 1963, à la veille de l’annonce du Franc du Togo.

Les indicateurs comparatifs compilés dans le tableau ci-dessous témoignent de cette volonté de bâtir un Togo prospère.

1960 Togo Benin Burkina Faso Ghana
Population 1 568 508 2 431 617 4 829 289 6 635 229
Espérance de vie 40,30 37,27 34,43 45,84
(%PIB) Balance commerciale -0,42% -5,99% -10,98% -7,25
Valeur ajoutée agriculture au PIB 54,88% 46,16% 38,48% 40,85%
Médecins (par 1000 hbts) 0,02 0,04 0,01 0,05
Dépenses militaires (% PIB) 0,27% 0,87% 0,68% 1,71%
Source:perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays


Le potentiel naturel du Togo

Les ressources minières

Région maritime :


Région des plateaux

  • Il y a du cuivre, le nickel, le chrome et l’aluminium dans le massif Agou;
  • La chromite dans les monts Haïto;
  • De l’or dans les formations métasédimentaires de l’Atakora;
  • Du marbre dolomitique de Gnaoulou estimé à 430.000 tonnes par mètre de profondeur.


Région centrale

  • Des indices polymétalliques en sulfures et en or à Agbandi;
  • Le phosphate, le fer à Pagala;
  • le cuivre, le nickel, le chrome, le bauxite, l’uranium, etc.

Région de la Kara

  • L’uranium dans le secteur de Niamtougou, du fer estimé à 500 millions de tonnes (teneur 45% de fer) à Bandjéli;
  • Des phospharénites à Bassar et des indices métalliques de cuivre, nickel et chrome dans le massif Kabyè;
  • De l’or dans la structurale de l’AtaKora;


Région des savanes

Des indices de manganèse à Nayéga au sud-est de Dapaon, avec un potentiel de 60.000 tonnes.

Les ressources hydrographiques

Sur la plan hydrographique, la nature est autant généreuse avec la Togo. Ainsi son territoire est naturellement irrigué par des systèmes lagunaires, des lacs, des rivières et fleuves tels que le Zio, le Haho, le Mono, l’Anié, L’Ogou, l’Oti, la Kara, le Kéran, le Koumougou, et d’autres. Bref, les eaux de surface y sont drainées par quatre bassins versants, notamment l’Oti, le Mono, le lac Togo et les frontaliers orientaux.

Il y a au Sud du pays un climat subéquatorial qui se décline en 4 saisons, dont une grande saison des pluies (d’avril à juillet) qui succède à une grande saison sèche (de décembre à mars). Et au Nord du pays on a un climat tropical à deux saisons plus tranchées; dont la dorsale pluviométrique de l’Atakora est la plus arrosée du pays.

Ces ressources naturelles offrent des potentiels énormes pour la maitrise de l’eau qui est le nœud d’une agriculture autosuffisante. Malheureusement, il manque la vision et la volonté pour l’atteinte de cet objectif.

Le Togo, plus de 62 ans après son indépendance

Le Togo économique en 2022

Le manque de vision, d’efficacité et de patriotisme font que le Togo 62 ans après la reconquête de son indépendance se retrouve à la traine de ses voisins; malgré son potentiel relatif plus élevé.

  • Le secteur primaire (l’agriculture en grande partie) contribue au PIB à hauteur de 22% (2020);
  • Le secteur secondaire; la fabrication de produits alimentaires, la construction, la distribution (eau, électricité, gaz); apporte 23% du PIB ;
  • Et le reste du PIB (55%) vient du secteur tertiaire (commerce, port, aéroport, secteur financier, …);
  • le secteur informel est responsable de plus de 50% de la valeur ajoutée des différentes branches de l’économie togolaise.
  • les principales exportations sont le clinker, les phosphates, le coton-fibre, café, cacao et recensement le Soja, le sésame.
  • Les activités du port représentent hors aide extérieure 60% des recettes publiques (coface.ca/fr).

Les indicateurs quantitatifs et qualitatifs ci-dessous constituent un bref aperçu de cet état de fait.

2020 Togo Benin Burkina Faso Ghana
Population 8 278 737 12 123 198 20 903 278 31 072 945
Espérance de vie 61,04 (2019) 61,77 (2019) 61,58 (2019) 64,07 (2019)
PIB par habitant ($US constant 2010) 692,51$ 1274$ 815,48 1848$
Part investissement public vs investissement total (2010) 12,5% 18% 38,7% 38,2%
Valeur ajoutée agriculture au PIB 18,78 20,43 27,11 18,24
Médecins (par 1000 hbts) 0,03 (2017) 0,08 (2018) 0,08 (2017) 0,14 (2017)
Dépenses militaires (% du PIB)- 2019 3,12% 0,65% 2,43% 0,44%
Indice de démocratie 2,80

(141e sur 167)

5,09

(94e sur 167)

3,73

(116e sur 167)

6,50

(59e sur 167)

Indice de corruption 29

(134e sur 179)

41

(83e sur 179)

40

(86e sur 179)

43

(75e sur 179)

Indice du bonheur

(2021)

4,107

(136e sur 149)

5,045

(99e sur 149)

4,834

(113e sur 149)

5,088

(95e sur 149)

IDH (2019) Indice de développement humain 0,515

(167e sur 189)

0,545

(158e sur 189)

0,482

(182e sur 189)

0,611

(138e sur189)

Source : //https://perspective.usherbrooke.ca


Une gouvernance défaillante, davantage axée sur les dépenses de prestige et l’image

Le chef de l’État togolais, Faure Gnassingbé est l’un des plus voyageurs mais, pour quelles retombées après 17 ans de confiscation du pouvoir, quand on sait ce que représentent les dépenses pour ces déplacements officiels et la pression qu’exercent ces voyages sur les réserves de devises.

Ci-après un aperçu des voyages officiels hors pays de Faure Gnassingbé (presidence.gouv.tg)  :

  • En 2016, au moins 26 voyages selon Jeune Afrique (13.12.2016); ce qui donne un voyage aux deux semaines;
  • En 2018, 22 voyages, une moyenne de 1 voyage aux 17 jours;
  • En 2019, on note au moins 29 voyages; soit 1 voyage aux 12 jours;
  • En 2020, tout de même 8 voyages, malgré la pandémie COVID-19;
  • En 2021, la cadence est remise pour 21 voyages;
  • Et à la mi-juillet de 2022, on compte déjà 7 ou 8 voyages;


Une administration inefficace et des domaines de l’État bradés 

La fonction publique togolaise

  • Une administration relativement pléthorique, cependant avec très peu d’acteurs sur le terrain. Pendre note que le Togo comptait 57835 fonctionnaires en octobre 2020 dont 7000 cadres A1 et près de 13300 A2 (Le tableau de bord de l’économie togolaise de janvier 2021);
  • Le service au citoyen très centralisé, inaccessible aux citoyens des zones rurales;
  • Il y aurait seulement environ 143 000 togolais employés dans le privé et un total de 147 204 employés affiliés à la CNSS (Caisse Nationale de Sécurité Sociale).


Le bradage des domaines de souveraineté de l’État

Tout est bradé tous azimuts dans une totale opacité:

  • la de la BTD, de la SNI et des sociétés d’État (TOGOCOM, Togo Cellulaire, NSCT ex-SOTOCO, etc), la privatisation partielle en juin 2021 du MIFA; la « curieuse cession » de la BTC à un prix qui est probablement inférieur aux immobilisations de cette banque;
  • Actuellement seule l’UTB est la seule banque encore plus ou moins dans le giron de l’État, cependant elle est en attente de privatisation.


Des lignes budgétaires élaborés ou décaissées, mais sans réalisations

Malgré les épithètes attribuées aux budgets successifs, le résultat de la gestion publique est maigre, voire absent. C’est ainsi que des projets, des programmes ou autres seront intégrés dans des lignes budgétaires de l’État et décaissés sans pouvoir se concrétiser; comme:

  • FNSI : Fond National de Finances Inclusives;
  • DOSI : Délégation à l’Organisation du Secteur Informel;
  • DSRP : Document Stratégique pour la Réduction de la Pauvreté, version 1 et 2;
  • SCAP : Stratégie de Croissance Accélérée pour la Promotion de l’emploi;
  • PUDC : programme d’Urgence pour le Développement Communautaire;
  • Les projets filets sociaux et services de base et d’opportunité d’emploi pour les jeunes vulnérables lancés le 6 février 2018;
  • PND : le Programme National de Développement 2018-2022, du 3 août 2018; dont les objectifs étaient :
    • Un financement global de 8,3 milliards $US (65% secteur privé et 35% public);
    • Un cap de 7,6% de croissance à l’horizon 2022;
    • 50% de taux de bancarisation et 1 million d’emplois dont 500 000 directs.


La captation des deniers publics par la minorité dirigeante

Le Togo actuel est caractérisé par une corruption endémique doublée d’une totale impunité. Seulement durant la dernière décennie, les scandales financiers révélés par les médias totalisent plus de 2000 milliards F CFA:

  • 12 milliards du FER (Fond pour l’Entretien Routier);
  • 520 milliards de la SNPT (Société Nouvelle des Phosphates du Togo);
  • 1,2 milliard de la FTF (Fédération Togolaise de Football);
  • 170 milliards du Port Autonome de Lomé;
  • 100 à 253 milliards de Togo-Telecom;
  • 400 millions de la NSCT (Nouvelle Société Cotonnière du Togo);
  • 20 milliards de la CEET (Compagnie Énergie Électrique du Togo);
  • 26 Milliards de la Route Lomé-Vogan-Anfoin;
  • 17 milliards de l’OTR et récemment;
  • 500 milliards du Petrole-Gate (truquages de marchés);
  • «Wacemgate» dans le secteur du ciment,;
  • « Bolloré Port-Gate » (concession du port autonome contre fraudes électorales);
  • Scandales de rétrocommissions lors des passations de marchés, en particulier dans les travaux publics.


La course aux reconnaissances

Régulièrement des classements élogieux et des récompenses sont publiées et mises de l’avant; dont les exemples suivants :

  • Le Togo, classé dans le top 3 des meilleurs pays réformateurs de la gouvernance en Afrique, publié le 23 novembre 2017;
  • Le Togo, 2e pays le plus intégré dans le commerce maritime international, en Afrique subsaharienne, selon la CNUCED, publié en avril 2018;
  • Le Togo, 3ème pays le plus engagé et préparé pour la mise en œuvre de la Zlecaf, publié le 24 aout 2020;
  • Le Togo, 3ème pays le plus attractif des investissements en 2020 (Africa CEO Forum et Deloitte), publié le 24 septembre 2020;
  • Le Togo gagne 18 places dans le classement mondial de la liberté économique, publié le 6 octobre 2020;
  • Le Togo est le 2ème pays le plus favorable aux femmes en Afrique de l’Ouest, selon le Women, Peace and Security Index, publié le 22 octobre 2019;
  • Le Togo, 2ème meilleur pays africain et 15ème mondial dans la gestion du Covid-19 sur l’échiquier mondial, publié le 31 janvier 2021;
  • Le Togo est le pays où il est le plus facile de faire des affaires, publié le 19 mars 2021;
  • Les USA classent le Togo parmi les 11 pays les plus sûrs au monde, publié le 10 juin 2021;
  • Le Togo fait mieux que les USA, car le Togo a fait plus vite et beaucoup mieux que le programme américain (COVID, publié le 6 décembre 2021;
  • Le corridor routier togolais, 2ème plus performant de l’espace UMOA, publié le 17 décembre 2021;
  • Novissi programme, dont le caractère innovant a été salué par les prix Nobel d’économie 2019 Abhijit Banerjee et Esther Duflo;
  • Le Togo présente le taux de bancarisation strict le plus élevé de l’espace UMOA (26,8 %).

Le pouvoir politique au Togo semble plutôt adopté ce proverbe tchèque « un mensonge répété mille fois devient une vérité ». Friedrich Hegel souligne que « ce qui élève l’homme par rapport à l’animal, c’est la conscience qu’il a d’être un animal…Du fait qu’il sait qu’il est un animal, il cesse de l’être ».

Les conséquences de l’inconséquence politique

Il y a un manque criard d’infrastructures sur tous les plans, notamment la santé, les transports l’éducation et l’agriculture. Ainsi le comparatif ci-dessous souligne l’état de situation au Togo par rapport à ses voisions. Et c’est seulement au niveau des dépenses militaires que le Togo surclasse ses voisins.

 

(en €)

Dépenses publiques/hbt Dépenses en éducation/hbt Dépenses en santé/hbt Dépenses en défense/hbt
2018 2017 2018 2017 2016 2017 2016 2019 2018 2017
Togo 142 120 31 28 27 6 7 25 15 14
Ghana 403 326 77 67 81 20 23 9 8 7
Bénin 174 179 31 36 28 8 6 5 7 9
Burkina Faso 165 171 37 37 22 17 15 18 15 10
Mali 154 174 29 29 22 10 9 21 21 23
Niger 102 90 17 12 13 9 5 13 12 11
Source : https://fr.countryeconomy.com/gouvernement/depenses


Absence de programmes sociaux versus la cherté de la vie

L’absence de programmes sociaux fiables, combinée à la cherté de la vie drainent le togolais lambda vers le dénuement total, malgré les annonces emphatiques dans les lignes budgétaires. Par exemple, près de 54% du « budget citoyen 2021 » affecté au social, donc une mise en œuvre des ambitions de l’axe 1 de la feuille de route 2020-2025.

Le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) souligne dans son rapport (Enquête QUIBB 2015) que seulement 7,6% des malades au Togo fréquentent les hôpitaux ou les cliniques en milieu rurale où vivent au moins 60% de la population. Pourtant ces paysans et artisans sont les moteurs de l’activité économique, majoritairement informelle.

Aussi le PNUD mentionne que le taux de pauvreté de la population togolaise est à 72%, dont 57% extrêmement pauvre et le taux de malnutrition y est élevé avec 25% des enfants de moins de 5 ans présentant un déficit pondéral en 1998 et aucune amélioration notable n’ayant été signalée depuis.

La Banque mondiale alerte sur le fait que le niveau de pauvreté est deux fois plus élevé en milieu rural (58,8%) qu’en milieu urbain (26,5%) et que seulement 46,9% de la population a accès à l’électricité, et encore là.

Durant la COVID-19 le programme Novissi de transferts monétaires aux ménages ayant perdu des revenus par cause de la pandémie a été lancé. Ce programme aurait seulement en deux mois permis de verser 11,3 milliards FCFA à 566 567 (7,1% de la population) sur les 1 378 381 (17% de la population) inscrits. Cependant aucun détail n’est disponible sur la ventilation réelle de ces fonds, donc est d’une opacité habituelle à cette minorité gouvernante.

La protection sociale des salariés est inexistante (Exemple des 2600 à 3000 travailleurs de la société « AMINA Togo SARL », majoritairement des femmes; licenciés pour raison de grève et qui devraient être repris contre signature d’une lettre de pardon).

L’effectivité de la loi sur l’assurance maladie universelle au Togo (assurance-maladie obligatoire), assurée par l’Institut national d’assurance maladie (INAM) se fait attendre.

L’endettement exponentiel et non structurant

Entre 2017 et 2021, la dette extérieure du Togo a doublé et est alors passée de 550 milliards en 2017, à 600 milliards en 2018, à 751 en 2019, à 981 en 2020 pour finalement atteindre 1031 milliards en 2021. Cherchant des mécanismes de réaménagement en partie de cette dette extérieure abyssale et vide, le Togo fut par exemple le premier pays de l’UMOA à émettre des obligations sur une maturité de 15 ans.
Quant à la dette intérieure du Togo, elle représente en 2021 environ 54% de sa dette publique totale; contre 36% de la dette extérieure représente. Cette dernière repressentait seulement 19% en 2019. Subséquemment, le service de la dette intérieure prend déjà plus de 55,3% des recettes domestiques (LFI 2022).
La dette extérieure est détenue à 48% par les prêteurs multilatéraux (principalement les institutions de Bretton Woods); 46% par les banques commerciales et environ 4% par les partenaires bilatéraux.

Il importe de souligner que le Togo avait pourtant procédé le 22 septembre 2020 à la réévaluation ou au rebasage de son PIB sur la base de SCN 2008 (Système de Comptabilité Nationale 2008); en prenant 2016 comme année de référence. Il eut alors une revalorisation du PIB de 36,5%.

Sans cette opération de rebasage du PIB, le niveau d’endettement du Togo en proportion de son PIB serait beaucoup plus prononcé et qualifié d’inquiétante. D’autres pays de la région ont fait la même opération; notamment le Niger avec 30%, la Côte d’Ivoire avec 38%; le Burkina avec13%, le Sénégal avec 30%, etc…; mais pas dans la même optique.

Et la course à l’endettement continue, ainsi à la mi-mai 2022 le Togo avait déjà procéder à 7 opérations de levées de fonds sur le marché de l’UMOA, totalisant 225 milliards FCFA. Et au 2e trimestre le Togo a emprunté 122 milliards sur le marché de l’UMOA pour l’émission d’obligations de relance (ODR). Le vendredi 8 juillet 30 milliards ont été mobilisés et le vendredi 19 août 2022 ce sont 33 milliards de FCFA qui sont levés.

La cherté de la vie, exemple du prix du carburant

Le 30.03.2022, dans le cadre de l’annonce de premier rehaussement du prix du carburant le gouvernement signalait qu’« en 2019, le pétrole brut était à 18 $ le baril. Aujourd’hui, nous sommes passés à 110 voire 120 $ ».
Cependant le gouvernement n’avait pas réduit le prix du carburant quand le brut était presque gratuit sur les marchés. Alors la plus-value est allée où, dans un fonds de stabilisation par exemple? Dans l’affirmatif, où est ce fonds?

Évolution de prix Début 2022 29.03.2022 10.05.2022 19.07.2022 Variation depuis mars 2022
Super sans plomb 505 595 625 700 38,62 %
Gasoil 520 605 660 850 63,47 %
Pétrole lampant 400 550 580 650 62,5 %
Mélange 2 temps 606 690 718 788 30,03 %


Et une comparaison des prix du carburant et de l’électricité se présente comme suit dans le tableau ci-dessous:

Togo Ghana Benin Burkina Faso Mali Nigeria Côte d’Ivoire
Prix ​​de l’essence 700 1,445$ us 600 715 811 0,424$ 735
Les prix du diesel 850 1,732$ 668 645 809 1,767$ 615
Prix ​​de kérosène 650 1,464$ 851 645 1,834 645
Prix KWh électricité 115,88 0,045$ 123,44 131,08 0,057$ 72,6
 

Salaire minimum

35 000 11,82 ₵/h

2$/h

40 000

à 52 000

36 270 40 000 30 000₦

72€

60 000
source fr.globalpetrolprices.com


Des pistes de solutions dans un « Togo Nouveau »

  • Rendre l’administration, inclusive et accessible avec une « déclaration de service »;
  • Réduire le train de vie de l’État en dégraissant les avantages (bons d’essence, frais de services, primes de voyages et autres) et contrôler les charges;
  • Enclencher une véritable politique de grands travaux pour se doter d’infrastructures d’éducation, de santé publique, de transport, de transformation et stimuler l’éclosion du génie local, sans oublier de normaliser leurs efforts par des brevets et autres propriétés intellectuelles;
  • Renforcer l’effectivité des recettes de l’État qui inclus la déclaration des biens des responsables d’institutions et des super-fonctionnaires;
  • Rendre les commettants imputables, améliorer l’efficacité et l’impact des dépenses publiques;
  • Rendre possible l’égalité de change pour la poursuite du bonheur collectif :
    • Déployer une stratégie agropastorale pour l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire, dont la formation agricole, des plans dynamiques et la maitrise de l’eau. Il faut relever le niveau technique de l’agriculture avec du matériel adapté, optimiser les intrants, valoriser les terres, reformer l’agro-foncière, privilégier les essences durables en agroforesterie
    • Adopter une politique de revalorisation du secteur informel (plus de 50% du PIB et 60% des emplois);
    • Privilégier et vulgariser la formation professionnelle pour le développement à la base, afin de donner des perspectives aux jeunes, en créant des pôles de formations dans chaque région; et donner une cible de formation en stage au secteur privé, de même que public;
    • Encourager l’émergence d’entrepreneurs, d’industriels et d’experts locaux pour renforcer la vibre économique patriotique;
  • Accompagner et revaloriser le secteur informel, le plus grand créateur de valeur ajoutée au Togo, et le professionnaliser avec le temps;
  • Stimuler la productivité, la compétitivité dans les secteurs de croissance et renforcer le secteur des énergies, tout en améliorant l’accès universel social et sanitaire;
  • Faire l’exploration et la prospection des ressources du Togo et adopter un code moderne;
  • Bannir le culte de l’homme providentiel et que les politiciens aient l’écoute pour les experts, les techniciens autour d’eux.

Ensemble, filles et fils braves du Togo, nous pouvons encore espérer « Faire encore de toi sans nous lasser, Togo chéri, l’or de l’humanité » avec des dirigeants nouveaux,compétents qui t’aiment…

Assemblée générale de CODITOGO: DÉCLARATION DE FREIBURG 2022

Assemblée générale de CODITOGO: DÉCLARATION DE FREIBURG 2022

Les 5, 6, et 7 août 2022, CODITOGO s’est réunie en Assemblée générale à Freiburg en Allemagne, afin de définir de nouvelles orientations et stratégies, pérenniser les acquis de Dakar, et consolider la dynamique unitaire pour une meilleure efficacité de ses actions au niveau de la Diaspora togolaise.

Au sortir de cette Assemblée générale, nous membres de CODITOGO, après analyse de la situation politique au Togo et en Afrique, faisons la déclaration suivante :

En ce qui concerne notre pays, le Togo :

Considérant l’évolution sociopolitique dégradante de notre pays, marquée notamment par :

  • une paupérisation avancée des populations sous l’effet conjugué de la mal gouvernance, de la cherté de la vie, des crises sanitaire et sécuritaire ;
  • un recul considérable des acquis démocratiques obtenus de hautes luttes par le Peuple souverain ;
  • la confiscation de toutes les libertés individuelles et collectives ;
  • l’embastillement et la maltraitance de centaines de nos compatriotes dans des prisons à cause de leurs opinions politiques ;
  • l’instrumentalisation et la mise au pas de diverses institutions de la République, notamment le pouvoir judiciaire et les forces armées togolaises ;
  • une opposition complètement divisée ;
  • un peuple marqué par plusieurs années de lutte, martyrisé et traumatisé par la terreur savamment orchestrée par le régime et son armée ;
  • une diaspora dont plusieurs de ses membres sont kidnappés, torturés et détenus dans des conditions inhumaines ;

Considérant que cette situation de crise et de dérive autocratique est le signe d’un retour systématique aux années de plomb du régime du parti unique ;

Considérant que la persistance de ces pratiques plongerait à coup sûr le Togo dans un gouffre d’instabilité et de violence politiques aux lendemains incertains pour notre Peuple ;

Considérant qu’il urge de mettre fin le plus tôt possible à ce régime prédateur dont l’ambition inavouée est de s’éterniser au pouvoir ;

Considérant que le Peuple togolais, demeure debout et déterminé pour la lutte citoyenne et la libération de notre pays ;

Considérant la duplicité de la Communauté internationale qui a choisi de protéger la dictature au service de ses intérêts au Togo ;

CODITOGO :

  • Exige la libération immédiate de tous les détenus politiques ainsi que des membres de la Diaspora togolaise actuellement emprisonnés ;
  • Demande le retour au Togo des personnes contraintes à l’exil et la prise de mesures adéquates pour assurer leur sécurité ;
  • Félicite le Peuple togolais pour son courage et sa détermination à arracher par tous les moyens pacifiques sa liberté des mains de la minorité pilleuse ;
  • Appelle le Peuple togolais à la résistance citoyenne et à prendre son destin en main en s’organisant pour se débarrasser de la dictature en place au Togo;
  • Appelle également à un changement de paradigme de la lutte et lance un appel pressant à l’opposition et à toutes les forces vives de la nation à taire leurs différends ;
  • Invite l’opposition démocratique et les organisations de la société civile à organiser un forum pour débattre des bases d’une synergie autour d’une vision et d’un programme communs capables de libérer le Togo ;
  • Invite toute la Diaspora togolaise à un sursaut patriotique pour une unité d’actions dans l’optique de la libération de notre pays ;
  • Lance un appel pressant à l’armée togolaise pour assurer effectivement son devoir républicain de protection des populations et de défense de l’intégrité territoriale.

En ce qui concerne l’Afrique:

Considérant la prise de conscience accrue de la jeunesse africaine pour la renaissance et la refondation de l’Afrique ;

Entendu que le système impérialiste a déjà adopté de nouvelles stratégies de recolonisation de l’Afrique ;

Considérant que les Africaines et les Africains doivent tout faire pour éviter les pièges d’une libération et d’une refondation au rabais de leur continent ;

CODITOGO :

  • Lance un appel pressant à la Diaspora africaine de s’approprier rapidement la réflexion pour un panafricanisme plus engagé, dans les domaines de la monnaie, du développement et de la coopération pour jeter les bases de l’Afrique de demain ;
  • Félicite le Peuple malien pour son courage et sa détermination à s’affranchir de la vassalité.

Enfin, CODITOGO remercie :

  • toutes les associations et personnes ressources qui ont participé à l’AG, particulièrement celles venues d’Afrique, d’Europe et d’Amérique ;
  • la Diaspora togolaise en Allemagne et plus particulièrement les Togolaises et Togolais de Freiburg pour leur disponibilité et leur accueil chaleureux ;
  • Radio Avulete, Kanal K et First Info TV pour avoir assuré la couverture médiatique des travaux.

Fait à Freiburg im Bresgau, Allemagne,  le 7 août 2022

L’Assemblée générale de CODITOGO

 

M. Alphonse Lawson-Hellu, nouveau Coordinateur général de CODITOGO élu pour six mois, au micro de Sylvain Amos de Radio Avulété et Kanal K.

Freiburg 2022: fin de l’assemblée générale de CODITOGO, que retenir?

Freiburg 2022: fin de l’assemblée générale de CODITOGO, que retenir?

Ottawa, 8 août 2022

Par Kossi Djani

Les rideaux sont tombés dimanche dernier à Freiburg (Allemagne) sur la deuxième assemblée générale (AG) statutaire de CODITOGO, la Coalition de la Diaspora Togolaise pour l’Alternance et la Démocratie. Cette AG rendue possible notamment par l’assouplissement des règles de transport international en cette période de pandémie, a permis aux délégués des associations et personnalités membres d’atteindre les objectifs attendus.

Au préalable, rappelons que CODITOGO, la Coalition de la diaspora togolaise pour l’alternance et la démocratie (CODITOGO), est une organisation qui regroupe  diverses associations et personnalités de la diaspora togolaise. Ses membres partagent  une vision commune, celle des apports de la diaspora pour bâtir un Togo démocratique, un pays avec des institutions fortes,  une nation unie pour un développement socio-économique et culturel qui intègre l’épanouissement et l’égalité des citoyens. Née à Paris le 9 décembre 2017 et portée sur les fonts baptismaux à Dakar (Sénégal) le 3 mars 2018, elle est une organisation non-partisane de la société civile pour la démocratie et le développement du Togo dans un contexte panafricaniste.

Que retenir de cette AG de Freiburg?

Cette AG statutaire de CODITOGO avait quatre objectifs: faire une mise à jour des statuts de l’organisation en tenant compte de l’expérience de son fonctionnement depuis l’AG de Dakar, renouveler son équipe de direction, faire le point sur l’état de la situation socio-politique et économique du Togo et redéfinir les orientations possibles pour obtenir l’alternance démocratique au Togo. Concernant tous ces points, les participants ont exprimé leur satisfaction de les avoir atteints adéquatement même si, pour certains, l’effectif des participants aurait pu être plus considérable.

  1. Mise à jour des statuts

L’AG a procédé à une restructuration de l’organigramme de CODITOGO. Principalement, c’est l’article 12 relatif au Conseil Supérieur (CS) qui a été modifié, précisément l’alinéa 1 portant composition du CS. Le Conseil supérieur est « l’instance administrative de CODITOGO entre deux assemblées générales (…)investi de tous les pouvoirs qui ne sont pas statutairement réservés à l’Assemblée générale pour gérer, administrer et diriger l’organisation »; il est « chargé d’exécuter les décisions de l’Assemblée générale » et de faire « le bilan à mi-parcours des activités de CODITOGO ».

La modification de l’alinéa 1 de cet article introduit un principe majeur, celui d’une présidence tournante associative. En effet, jusque-là, le CS était dirigé par un coordinateur général élu pour trois ans par l’AG. Le nouveau texte voté instaure une présidence rotative du poste de coordinateur général afin de donner une place prépondérante aux associations membres en règle. Précisément, à compter du 1er septembre 2022, un président d’une association membre à jour selon les textes dirigera l’organisation pour une durée de six mois renouvelable une fois. Il revient au président du Mouvement de la diaspora pour un Togo Nouveau (MTN), M. Alphonse Lawson-Hellu, de prendre les rênes de CODITOGO.

La modification de cet alinéa a introduit aussi un nouveau poste, celui de Commissaire exécutif. Le commissaire exécutif est élu pour trois ans. Dans cette rotation de la présidence de CODITOGO, le commissaire exécutif facilitera la coordination des activités de l’organisation notamment par son appui aux différents coordinateurs généraux et sera le reflet de la permanence de ses activités. La première Commissaire exécutive élue est Mme Louise Montus, une femme pragmatique et une panafricaniste de conviction.

Mme Louise Montus, la Commissaire exécutive du nouveau CS au micro de Sylvain Amos de Radio Avulété et de Kanal K. Elle donne son impression sur l’AG.

  1. La nouvelle équipe de CODITOGO

Une nouvelle équipe du Conseil supérieur (CS), l’instance dirigeante de CODITOOGO, a été élue pour trois ans à l’exception du Coordinateur général.  Voici sa composition :

  • Coordinateur général (pour 6 mois): association MTN (M. Alphonse Lawson-Hellu)
  • Commissaire exécutive: Mme Louise Montus
  • Secrétaire général: M. Franck Agbekponou
  • Secrétaire général adjoint: M. Celse Kafui Amédin
  • Trésorier général: M. Athanase Bohm
  • Trésorière générale adjointe: Mme Blandine d’Almeida
  • Responsable de la commmunication: Mme Rachel Demorest
  • Responsable adjoint à la communication: M. Elhadj Adam
  • Conseiller politique et stratégique: Me Raphaël Kpande-Adjare
  • Coordinateur Amérique du Nord: M. Raphaël Gbadoe
  • Coordinateur Afrique: M. Marcel Kpognon
  • Coordinateur Europe: M. Florent Adjivon
  • Commissaire vote et recensement: M. Philippe Amedodji
  • Commissaire à la mobilisation: M. Nicolas Awume
  • Commissaire Droits de l’Homme: M. Kpodar Folly Gbetey
  • Commissaire Communication: M. Patrick Mensah
  • Commissaire à l’organisation : Mme Chimène Togbetsè

Les Conseillers à la coordination en charge de :

  • la diplomatie : Théo Agopome
  • la diaspora et à l’organisation : Édouard Bruce
  • affaires politiques : Raymond Ayivi.

Les membres élus du nouveau Conseil Supérieur, l’instance dirigeante de CODITOGO, chantant un refrain de l’hymne national du Togo

  1. L’état de la situation socio-politique et économique du Togo

C’est à travers deux conférences que CODITOGO a introduit les débats sur l’état de la situation socio-politique et économique du Togo et les solutions possibles pour l’alternance démocratique dans notre pays.

La première conférence intitulée L’état de la gouvernance et de la gestion des ressources  au Togo et leurs impacts
a été animée par M. Pascal Adjamagbo, Professeur à la Sorbonne,  M. Dany Ayida, Expert en gouvernance et développement et ancien résident directeur du National Democratic Institute (NDI) en RDC, et M. Joseph Atounouvi, Conseiller en recherche et planification socio-économique au Ministère des transports du Québec (Canada).  Les intervenants ont souligné dans cette présentation, les bases socio-économiques et politiques posées dès la période de l’indépendance par le gouvernement de Sylvanus Olympio, certaines tentatives de programmes économiques des régimes qui ont suivi, tentatives dont ils constatent aujourd’hui l’échec (exemple du Programme National du Développement, PND). À entendre ces intervenants, le système politique au pouvoir actuellement au Togo est un espace fermé et le Togo est un pays où les inégalités économiques sont croissantes. Ils ont présenté l’état de la situation économique du Togo marquée par un surendettement, l’inefficacité de l’administration, le bradage des domaines de l’État, la captation des deniers publics par une minorité et  les conséquences de toutes ces situations sur les citoyens.
Des pistes de solution ont été aussi suggérées à savoir : rendre l’administration, inclusive et accessible avec une « déclaration de service », réduire le train de vie de l’État en dégraissant les avantages (bons d’essence, frais de services, primes de voyages et autres) et contrôler les charges, faire de l’imputabilité le crédo de la gestion publique et augmenter l’effectivité de la perception des recettes, faire l’exploration et la prospection des ressources minières du Togo et adopter un code moderne, ne jamais abandonner le front politique, constituer une force politique avec des propositions pour avancer, soutenir financièrement  le front citoyen de la lutte, innover politiquement dans l’opposition en tenant compte des méthodes nouvelles de fonctionnement du parti au pouvoir.

La seconde conférence, Comment dénouer la crise politique togolaise et parvenir à l’alternance démocratique?,  a été co-animée par  M. Senouvo Agbota Zinsou, écrivain et metteur en scène togolais, et  Me Raphaël Kpandé-Adjaré, avocat au barreau de Lomé. M. Senouvo Agbota Zinsou a fait une topographie de la crise politique togolaise, ses origines internes et externes au territoire togolais depuis l’assassinat de Sylvanus Olympio, premier président du Togo et père de l’indépendance politique. Me Raphaël Kpandé-Adjaré a précisé ensuite le sens de l’alternance démocratique comme une succession au pouvoir entre deux différents partis politiques, laquelle succession implique des élections démocratiques. Pour l’homme de droit, « ce qui pose problème,  ce ne sont pas les élections comme mode de désignation d’un candidat de régulation de la Nation, mais les conditions desdites élections ».  Il a ainsi mis en exergue les différents facteurs explicatifs du défaut d’alternance au Togo, facteurs essentiellement institutionnels, le rôle de répression des Forces Armées Togolaises, avant de proposer des pistes possibles pouvant aider à parvenir à une l’alternance démocratique. Pour lui, l’alternance politique au Togo passe nécessairement par une transition démocratique, l’unité de l’opposition politique togolaise qui passe par la jonction des forces des partis politiques et de la société civile et, pour tous ces acteurs, l’urgence de mettre en avant l’intérêt national plutôt que des avantages partisans.

Me Raphaël Kpandé-Adjaré au micro de Sylvain Amos de Radio Avulété et de Kanal K.

  1. Les orientations de l’AG de Freiburg

Les débats et travaux internes qui ont suivi les conférences ci-dessus mentionnées ont  abouti à une déclaration officielle des participants dite « Déclaration de Freiburg ».  CODITOGO, dans ladite déclaration, notamment:

  • exige entre autres du gouvernement togolais, la libération immédiate de tous les détenus politiques, le retour au Togo des exilés politiques,
  • invite « toutes les forces vives de la nation à taire leurs différends »  et à procéder à un « changement de paradigme »
  • « invite l’opposition démocratique et les organisations de la société civile à organiser un forum pour débattre des bases d’une synergie autour d’une vision et d’un programme communs capables de libérer le Togo »

Au-delà de l’AG de Freiburg…

Pour les acteurs de la société civile togolaise présents à Freiburg ainsi que les observateurs de cette assemblée générale, la rencontre de Freiburg a été un succès, succès d’avoir réuni dans le contexte pandémique actuel et la situation politique togolaise, des délégations de trois continents – Afrique, Amérique et Europe – afin de réfléchir ensemble sur l’avenir de notre patrie, succès d’avoir mis à jour les textes de fonctionnement de CODITOGO, succès d’avoir mis en route un nouveau bureau (le Conseil Supérieur), pour trois ans.  Bref, les objectifs assignés ont été atteints. Cependant, plusieurs défis restent à relever sur plusieurs plans.

Le premier est la mise en œuvre des orientations de Freiburg par le nouveau Conseil Supérieur (CS). L’action du CS va être déterminante aussi bien pour la libération des prisonniers politiques que la cohésion des partis de l’opposition togolaise et des forces de la société civile. S’il est vrai que CODITOGO travaille déjà avec la société civile togolaise pour obtenir la libération des détenus politiques, les résultats demeurent encore en dessous des attentes même si des progrès ont été faits. Il s’agira pour le CS de faire le bilan de la méthode de fonctionnement actuel et voir comment l’améliorer sans oublier la possibilité d’ouvrir des discussions directes avec le gouvernement togolais pour la libération de concitoyens arbitrairement détenus. Concernant l’unité de l’opposition, CODITOGO devra jouer un rôle considérable pour rendre possible le forum de discussion entre les partis politiques et la société civile, forum auquel il appelle pour réaliser la cohésion des forces vives de l’opposition et de la société civile.

Le deuxième défi est l’engagement de la diaspora. Des millions de Togolaises et Togolais vivent en dehors du Togo, surtout en Afrique, en Europe et en Amérique. Nous sommes nombreux à dire vouloir « faire du Togo l’or de l’humanité », mais très peu d’entre-nous s’engagent véritablement  quand vient le moment de le faire. Pourtant les critiques fusent de partout quand les volontaires qui s’engagent font des erreurs. Le CS a un travail de sensibilisation et de prise de conscience à faire auprès de la diaspora qui doit comprendre les défis financiers, le manque de bénévoles pour rédiger des textes, animer les services de communication, pour recueillir et classifier des documents d’informations-clés, bref divers besoins auxquels l’organisation fait face pour appuyer la lutte pour l’alternance dans notre patrie. Faire des contributions financières mensuelles aussi petites soient-elles sera d’une aide importante si les contributions sont faites sur une base régulière.

C’est le lieu de féliciter les membres sortant du CS notamment Raymond Ayivi, ex-Vice-coordinateur puis ex-Coordinateur général,  qui a beaucoup donné en particulier ses deux dernières années pour la réussite des actions de CODITOGO.

M. Raymond Ayivi, ex-Vice Coordinateur, ex-Coordinateur général, au micro de Sylvain Amos de Radio Avulété et de Kanal K.

Puissions-nous, ensemble avec le nouveau Conseil Supérieur, agir pour avancer dans la construction d’un Togo démocratique, uni et prospère!

Togo : un nouvel envol à partir de Freiburg (Allemagne)?

Togo : un nouvel envol à partir de Freiburg (Allemagne)?

Ottawa, 6 août 2022

Par Kossi Djani

Diverses délégations de la diaspora togolaise en Afrique, en Amérique et en Europe notamment sont arrivées vendredi 5 août à Freiburg, une belle petite ville universitaire et touristique du sud-ouest de l’Allemagne, où se tient les 6 et 7 août 2022 l’Assemblée générale (AG) de CODITOGO, la Coalition de la Diaspora Togolaise pour l’Alternance et la Démocratie.

La rencontre de Freiburg, une contrainte statutaire pour CODITOGO

La rencontre de Freiburg cette fin de semaine entre nos compatriotes de la diaspora est d’abord une nécessité statutaire pour CODITOGO. En effet, les statuts de cette organisation non-partisane née à Paris le 9 décembre 2017 et portée sur les fonts baptismaux à Dakar (Sénégal) le 3 mars 2018, stipulent que « L’assemblée générale se réunit au moins une fois tous les deux ans (…) » (Art. 10.4). La dernière AG n’est autre que celle de Dakar, la pandémie COVID-19 n’ayant pas permis les retrouvailles de 2020. Le souci de respecter les statuts et l’assouplissement  des règles de transport rendent possible celles de 2022.

Togo: quelles clés pour ouvrir les portes de l’alternance démocratique ?

La rencontre de Freiburg est plus qu’une nécessité statutaire. Le contexte socio- politique et économique actuel du Togo nécessite une pause-réflexion sur le présent et l’avenir de notre pays.

Sur le plan politique, du 5 octobre 1990 jusqu’à ce jour le désir du changement de régime politique du peuple togolais est demeuré un rêve. Plus de trente ans après les événements du début des années quatre-vingt-dix qui ont permis l’introduction du multipartisme et de certaines libertés démocratiques aujourd’hui presque perdues, les Togolais vivent toujours dans la continuité d’un régime autocratique puisque le président actuel, Faure Gnassingbé a remplacé son père, feu Gnassingbé Eyadéma à la mort de celui-ci en 2005 avec l’aide de certains officiers de l’armée togolaise. Plusieurs prisonniers politiques croupissent dans les prisons togolaises sans jugement ou par des parodies de jugement alors que d’autres y sont morts. Des hommes politiques de l’opposition sont contraints à l’exil pour avoir la vie sauve pendant que d’autres sont portés disparus.

Du côté de l’opposition, les multiples querelles de leadership, le manque de vision cohérente et pragmatique, les considérations partisanes ont affaibli les partis politiques de l’opposition qui, aujourd’hui, s’ils ne sont pas mis sous silence par le régime au pouvoir, collaborent avec lui ou ont disparu de l’échiquier politique. Si en 2017, Le Parti National Panafricain de Tikpi Atchadam a remobilisé les Togolais du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest rendant l’alternance à portée de main, nul ne saurait nier que le manque de réalisme, de pragmatisme politique du leader du PNP et l’absence de sincérité de bien d’autres leaders de l’opposition – qui ont fait preuve de duplicité – ont constitué des facteurs endogènes de l’échec de cet énième soulèvement du peuple togolais pour obtenir un changement de régime. Aux élections présidentielles du 22 février 2020, si tous les éléments recueillis par la Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK) montrent la victoire de son candidat M. Agbéyomé Kodjo, force est de constater que, malgré la promesse de la DMK d’exécuter la volonté du peuple togolais traduite dans les urnes, c’est le diktat du pouvoir en place à Lomé que subissent toujours les Togolaises et Togolais. Il y a donc un constat d’immobilisme flagrant des partis d’opposition au Togo qu’il s’agisse de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC), du Parti National Panafricain (PNP) ou de la DMK. Concernant la DMK, malgré son gouvernement en exil et les discours d’espoir de son leader, elle peine à remobiliser les troupes, à relancer la lutte pour l’alternance sur le terrain, à rassembler autour d’elle les forces démocratiques. Quant à l’ANC, si sa participation aux municipales lui a permis de prendre la gestion de certaines municipalités, sur le plan national, ses hésitations envers les autres partis et certaines incohérences de ses orientations ont miné sa crédibilité auprès du peuple de sorte qu’elle peine à remobiliser comme à ses débuts.

Sur le plan économique, le gouvernement togolais est contraint à faire presque chaque mois des levées de fonds sur le marché régional des titres publics de l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA), une situation inédite dans l’histoire économique du pays. Cela reflète la fragilité et ou l’inefficacité des diverses politiques économiques mises en places ces dernières décennies sans oublier le bradage des domaines de souveraineté de l’État avec des conséquences néfastes sur le pouvoir d’achat des citoyens qui croupissent sous le poids de la cherté de la vie, la difficulté à accéder aux soins de santé raisonnables et la dégradation des mœurs…

C’est dans ce contexte socio-politique et économique que se réunit en AG en Allemagne la Coalition de la Diaspora Togolaise pour l’Alternance et la Démocratie afin de réfléchir sur quelles clés pour ouvrir les portes de l’alternance démocratique au Togo.

Les délégués sauront-ils identifier ces clés? Les accès aux portes de l’alternance démocratique sont-ils libres? Quelles sont les réelles forces en présence à l’étape actuelle de l’histoire politique togolaise? Quelles actions réalistes peut-on entreprendre? Qu’est-ce qui est possible avec le régime au pouvoir ou qu’est-ce qui ne l’est pas?

Une chose est certaine, il n’existe aucun tour de magie pour dénouer une crise politique. Et celle togolaise ne fait pas d’exception. Ce ne sont pas nécessairement de grands docteurs en sciences politiques qui ont dénoué les crises politiques majeures de l’histoire mais, des femmes et des hommes qui ont allié notamment la diplomatie et l’écoute dans des actions pragmatiques. Il s’agira pour le nouveau bureau qui sera élu d’approfondir les réflexions majeures qui émergeront de cette AG, d’encourager les partis politiques de l’opposition togolaise à faire balle à terre, à redéfinir un cadre de travail de base et relancer la lutte pour l’alternance démocratique ensemble avec les forces de la société civile en ayant en esprit qu’en politique,  les adversaires d’hier peuvent devenir des alliés d’aujourd’hui ou de demain. Ce n’est pas le nombre nécessairement qui fera le succès mais la qualité des femmes et des hommes qui, au-delà de leurs divergences factuelles, se retrouvent dans le dénominateur commun de leur cause : le bonheur d’un peuple. Car, uniquement, les Hommes d’exception savent dénouer les crises exceptionnelles. Et il n’y a pas de petites victoires car ce sont de petites affluences qui font les grandes rivières, les grands fleuves.